Le 29 octobre 1989, en visite à Tarente (au sud de l’Italie, juste en face de Tirana), Jean-Paul II lance un nouvel appel au « noble peuple » d’Albanie qui, « au cours de l’histoire, a su défendre son identité culturelle et sa foi religieuse », et auquel le Saint-Père adresse sa bénédiction.(…)
Un signe avant-coureur ? Du 14 au 17 août 1989, mère Teresa, née Gonxha Bojaxhiu, a été autorisée à se recueillir à Tirana, sur les tombes de sa mère Roza et de sa soeur Agué.(…)
Le 4 novembre 1990, le père Simon Jubani, soixante trois ans, libéré du goulag albanais dix-huit mois plus tôt (après vingt-deux ans de détention pour « liens avec le Vatican »), a dit une messe dans le vieux cimetière de Shkodra devant cinq mille fidèles. Ce coup d’audace conforte sa grande autorité morale : le dimanche suivant ils sont dix fois plus nombreux à assister à la messe. Détail significatif : le père Jubani, assisté de quatre autres vieux prêtres sortis des catacombes, dit la messe de mémoire : lui-même, à l’époque, n’a pas de Bible … « Depuis ma libération, en avril 1989, j’ai baptisé scrètement dix enfants par jour » – explique cet abbé de choc à l’AFP. Ce n’est qu’un début, tous les jours, à 16 heures, la foule se presse désormais autour de la chapelle du cimetière.(…)
Le 31 mars 1991, le dimanche de Pâques. Dans le message Urbi et Orbi qu’il prononce à Rome, Jean-Paul II s’adresse à sa « chère communauté d’Albanie, restée fidèle à l’Evangile du Christ » : « Reprends courage, marche vers des saisons d’abondantes moissons ! » Ce jour-là – qui l’eût cru un an auparavent ? – se déroulent les premières élections libres de l’Albanie moderne.
Bernard Lecomte « Le pape qui fit chuter Lénine » ; éditions CLD, Tours 2007
