Tu ne peux plus retourner à Cracovie. Tu dois rester ici.

On me fit entrer au conclave qui n’était pas encore officiellement terminé, et je pus ainsi saluer mon ex-archevêque. Il me parlait, me souriait, me murmurait à l’oreille une incroyable boutade en dialecte romain sur les cardinaux qui avaient décidé de l’élire (« Quelle idée », ou quelque chose de ce genre). J’étais encore sous le choc et je me demandais si tout cela était vrai. Je retournai au Vatican le lendemain et, une fois la messe avec les cardinaux terminée, le pape Wojtyła me prit à part : « Tu vois, tu ne peux plus retourner à Cracovie. Tu dois rester ici. Tu dois m’aider… » Qu’aurais-je dû lui répondre ? 

Le secrétaire d’État Jean-Marie Villot, arriva pour l’accompagner dans l’appartement pontifical. Karol Wojtyła y entra pour la première fois. Il regarda autour de lui, curieux, mais sans plus. Pour sa vie intérieure le monde extérieur avait peu d’importance, fût-ce même la troisième loge du palais apostolique. Il remercia Villot et s’installa devant le bureau pour écrire l’homélie pour l’inauguration de son pontificat. Il l’écrivit naturellement en polonais, d’une seule traite, avec très peu de corrections. Une fois traduite, il fit les essais de lecture en italien devant le camérier Angelo Gugel : « Ne te fais pas de souci, dis-moi seulement quand je me trompe, car je me trompe surtout pour les accents… »

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »

Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013