Pendant les audiences privées, le rôle des secrétaires du Pape n’était pas très important. Le protocole régissait tout. Nous aidions le Saint-Père à se rendre à la bibliothèque du deuxième étage, mais l’introduction des invités relevait d’un autre protocole. Les invités étaient introduits dans la bibliothèque par le préfet de la Maison du Pape avec une autre escorte. Nous laissons alors le Saint-Père pour l’entretien privé dans la bibliothèque Nous n’étions en fait présents que lors des présentations officielles et après l’entretien, nous veillions à ce que le Saint-Père offre à son hôte le cadeau approprié. Il s’agissait habituellement de médailles commémoratives, en argent ou en bronze, parfois des tableaux à caractère religieux – saint Pierre, saint Paul. Le secrétaire était là pour décharger les épaules du Pape de ces détails banals. Comme celui des cadeaux pour les invités. Pour que le Pape n’ait pas à s’en tracasser. D’ailleurs, il n’aurait pas eu la tête à cela.
– Le Pape vous parlait-il lorsque vous l’accompagniez à l’audience ? Partageait-il avec vous ses attentes, ses craintes ?
– Quand il se rendait à ces rencontres, il gardait toujours le silence, il n’extériorisait pas ses sentiments. Il ne parlait ni de ses appréhensions, ni de ses espérances. Il ne posait pas de questions à haute voix en se demandant si la rencontre allait être réussie et quels en seraient les fruits.
– Il ne disait jamais par exemple : « Je voudrais le ou la convaincre de prendre telle décision… », ou bien « ça risque d’être difficile » ?
– Généralement non. Il était toujours recueilli, toujours dans ses pensées. Il priait. Tout ce que vous me demandez maintenant, il confiait certainement au Seigneur.
– Et après la rencontre ? Pas un seul mot à ses secrétaires ?
– C’était alors officiel. Le Saint-Père parlait au porte-parole du Vatican et lui transmettait le communiqué de l’audience, qui était ensuite publié dans l’Osservatore Romano. Mais d’après son expression, on pouvait facilement deviner si la rencontre avait été bonne, si le Saint-Père était content, si l’entretien allait porter des fruits. Parfois cela allait bien, parfois moins bien, mais il y avait toujours quelques fruits.
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008