Les audiences polonaises étaient toujours un grand événement dans les appartements du Pape. Sinon le plus important, du moins un événement différent de tous les autres. Les invités de Pologne étaient considérés par le Pape comme les invités de famille. Même s’il s’agissait de politiciens de la gauche postcommuniste. Le Saint-Père les invitait toujours à déjeuner. Il les questionnait, ses appréhensions et les menaçait du doigt quand c’était nécessaire. « La Pologne a toujours fortement tenu à cœur au Saint-Père. Il souhaitait le meilleur pour sa patrie, c’est pourquoi il n’évitait pas les sujets difficiles. Lorsque les actions des politiciens polonais allaient à l’encontre de la doctrine chrétienne, à l’encontre de notre foi, il en parlait lors des audiences privées et lors des rencontres officielles. On peut dire qu’il les menaçait di doigt. Il craignait la loi contre l’avortement. Mais Aleksander Kwaśniewski lui a promis que tant qu’il serait Président, le compromis ne serait pas touché. Au Parlement en 1999, le Saint-Père a appelé à réfléchir sur ce don de la liberté, rappelant qu’il s’agissait d’un don mais aussi d’un devoir. Il disait que la démocratie sans valeurs se transforme facilement en totalitarisme camouflé. Il demeurait à Rome, mais en pensée, il était chaque jour dans son pays. Je l’ai déjà dit, mais je le répète une fois encore : c’était un grand patriote. Il se sentait responsable de la Pologne.
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008