Jean-Paul II remit les pieds sur sol polonais et l’histoire changea aussitôt. Pensant que ce serait probablement la dernière fois qu’il revenait dans sa Patrie, il décida de porter un message d’espérance aux gens, et à partir de là, de hausser le ton pour demander – à Varsovie et à Moscou – de respecter les légitimes aspirations d’un peuple et d’une nation qui avait déjà trop souffert. Le voyage a déclenché un véritable séisme dans l’empire soviétique. Je me rappelle ce voyage comme si c’était hier. Je me rappelle surtout la première journée à Varsovie. C’était la veille de la Pentecôte. J’entendis la prière du Saint-Père et je me demandai comment Dieu aurait pu ne pas entendre cette grande invocation : « Que descende ton Esprit ! Que descende ton Esprit et qu’il renouvelle la face de la terre, de cette terre ! » Le deuxième jour, il y eut l’étape de Gniezno, où Jean-Paul II se prononça pour la défense des nations slaves et de leur droit à la liberté. Il vit à travers la foule, une banderole où était écrit en langue tchèque : « Souviens-toi, Saint-Père, de tes fils tchèques », et il improvisa : « Ce pape, qui porte en lui l’héritage d’Adalbert, ne peut pas oublier ces fils ». Des paroles simples mais qui voulaient rassurer les Eglises persécutées dans les pays communistes et leur dire qu’elles occupaient une place particulière dans son cœur.
Puis ce fut Częstochowa et Oświęcim(Auschwitz), le moment de la douleur et du souvenir de cette épouvantable tragédie. Enfin à Cracovie, il invita tous les Polonais à être forts, forts de la force qui provient de la foi. « Je vous demande de ne jamais perdre la confiance, de ne pas vous laisser abattre, de ne pas vous décourager, de ne jamais vous couper les racines dont nous tenons notre origine ». Rendre aux gens le sentiment de leur propre dignité et de leur propre responsabilité signifiait affaiblir l’influence du pouvoir communiste. Jean-Paul II accéléra d’une certaine manière les transformations sociales et politiques ainsi que le retour à la liberté.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »