Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, il a vécu de près, mais pas directement, cette tragédie cauchemardesque: “la solution finale”, comme on appelait le plan d’élimination de la race juive du continent européen. Ce n’est qu’après la guerre que Karol a appris que beaucoup de ses amis juifs étaient morts sur le champ de bataille ou dans les camps nazis. Il a appris que l’extermination du peuple juif – la Shoah – avait eu lieu en Pologne, sur sa terre natale. Il était tellement choqué qu’il a gardé jusqu’au bout le souvenir de ce cauchemar. La folie hitlérienne a également anéanti la famille Kluger. La mère de Jurek, sa sœur Tesia de vingt ans et sa grand-mère sont mortes dans un camp d’extermination. Lui-même, Jurek, a combattu en Italie dans l’armée du général Anders. Après la guerre, il s’est marié et s’est installé à Rome. Et là, de façon inattendue, il a trouvé un vieil ami, Lolek, qui est devenu entre-temps l’archevêque de Cracovie. Cette amitié n’a jamais passé, même après l’élection de Karol Wojtyła comme pape. De temps en temps, le Saint-Père l’invitait, lui et sa famille, à déjeuner ou à dîner. Et ils s’appelaient toujours et parlaient comme deux amis d’un banc d’école. L’ingénieur Kluger traitait le pape comme un membre de la famille et lui, il se sentait vraiment. Il a baptisé sa petite-fille, puis a célébré son mariage, et plus tard a également baptisé son arrière petite- fille. Véritable amitié – pour la vie! Maintenant, il sera plus facile de comprendre pourquoi, en tant que pape, Karol Wojtyła est allé à Auschwitz et a déclaré: “Je ne pouvais pas manquer de venir ici.” Et pourquoi il a décidé de faire ce qu’aucun chef de l’Église catholique n’a fait depuis deux mille ans: franchir le seuil d’une synagogue, faisant ainsi un geste historique de solidarité et de repentir envers le peuple juif.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.
Maison d’édition TBA Varsovie 2007