Même à cette époque, il était convaincu que les juifs et les catholiques étaient unis par la conscience qu’ils priaient le même Dieu. Le propriétaire de l’appartement de la famille Wojtyła était juif. Karol avait des amis juifs dans la classe, par exemple Zygmunt ou Léopold. Il a joué au football avec des amis juifs comme le musicien Poldek, et aucune animosité n’a jamais été constatée entre eux. Une amie, Ginka, sa voisine qui vivait à l’étage supérieur, grâce à laquelle il s’est approché du théâtre, était juive aussi. Il y avait aussi la famille juive Kluger que Karol fréquentait souvent, en particulier Jerzy, qu’il a rencontré en première année du primaire et qui est devenu l’un de ses amis les plus proches. Karol et Jerzy, ou plutôt Lolek et Jurek, comme on les appelait auparavant, sont restés dans la même classe jusqu’à l’examen final du collège. Ils se sont fréquentés pendant cette période. Jurek allait chez Wojtyła parce que le père de Lolek, le capitaine, les aidait en maths. Lolek se rendait chez Jurek pour écouter la radio ou bien le quatuor de musique dirigé par l’avocat Kluger, qui était à l’époque le président de la communauté juive locale. De plus, la grand-mère de Jurek, Mme Huppert, marchait souvent avec le curé, Prochownik, sur la place du marché, puis ils s’asseyaient ensemble sur le banc et parlaient d’une voix si forte que M. Ćwiek, le seul policier de la ville, a dû les accompagner et éloigner les badauds qui s’arrêtaient pour écouter. C’était la vie quotidienne de Wadowice.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”. Maison d’édition TBA Varsovie 2007