Il y avait déjà une chapelle à Bieńczyce. C’est là – les autorités ayant rejeté à plusieurs reprises la pétition pour la construction d’une église – que les gens ont érigé une très haute croix. Les autorités ont considéré cela comme une provocation, un défi, comme si ce symbole devait constituer la première étape pour renverser le système. La croix a été retirée. Les catholiques ont réagi immédiatement. Il y a eu de violents affrontements avec la milice. Il y a eu des victimes: des blessés et de nombreuses arrestations. Aujourd’hui, on peut dire que ce fut la première confrontation de croyants avec des communistes dans une ville socialiste. Nowa Huta, un quartier ouvrier, s’est opposé au pouvoir de l’État en disant; « Nous avons le droit! Nous avons droit à la liberté de conscience! Nous avons droit à la liberté de religion. » (…) Ce fut la première grande tentative de l’évêque Karol Wojtyła. En raison de la grave maladie de l’archevêque Baziak, le jeune évêque auxiliaire a été contraint de prendre ses propres décisions. D’une part, il a essayé de résoudre le problème difficile de Nowa Huta, d’autre part, il a essayé d’agir avec prudence afin de ne pas provoquer de conflit à plus grande échelle. À l’époque, cela ressemblait à une entreprise désespérée, et pourtant Karol Wojtyła a gagné. Citant la lettre de la loi, il a entamé des négociations avec des représentants des autorités centrales et locales et n’a jamais abandonné, soutenant les demandes légitimes des fidèles. Enfin, les autorités ont cédé et autorisé la construction de l’église, mais pas à l’endroit où la croix a été érigée, mais dans une autre partie de Nowa Huta. L’archevêque Wojtyła a visité le chantier de construction. À Noël, il célébrait la messe de minuit en plein air, même s’il faisait parfois froid et qu’il neigeait abondamment. C’est ainsi que l’Arche du Seigneur a été créée, un nouveau temple magnifique, qui est un symbole de la Pologne, qui a réfuté le mythe de la ville sans Dieu. La population de Nowa Huta a compris que l’image d’une nation ne dépend pas du régime imposé, incapable de représenter la société polonaise, mais des hommes et des femmes qui la composent. Après vingt ans d’attente, d’inquiétude et de combats, le 15 mai 1977, l’église a été consacrée par le cardinal Karol Wojtyła, qui, en tant qu’évêque auxiliaire, a toujours associé son nom à Nowa Huta.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – « Témoignage » – édition TBA. Varsovie 2007