Les aiguilles de l’horloge annonçaient le début d’un nouveau jour. C’était le dimanche 13 décembre 1981. Les premiers chars sont apparus dans les rues de Varsovie et aux principaux carrefours. Au fil du temps, les premières informations incomplètes commençaient à affluer vers l’Occident, notamment via les stations de radio. Quelqu’un au Vatican a essayé d’entrer en contact avec la Pologne, mais en vain – les téléphones étaient sourds. Ce n’est que plus tard que nous avons compris les raisons de ce silence. Toutes les lignes de communication avaient été coupées déjà à minuit. Dans le même temps, les frontières étaient fermées. Après l’annonce officielle à six heures du matin, on apprenait par la télévision et la radio que la loi martiale avait été instaurée en Pologne. C’était un vrai choc, même si nous le craignions déjà depuis quelques temps. Ces derniers jours, la peur de l’invasion s’est accrue. Zbigniew Brzeziński a appelé. Nous étions au courant des manœuvres des forces du Pacte de Varsovie sur le territoire de la Pologne et à l’approche de la capitale. Cependant, personne ne s’attendait à une telle tournure des événements. Aussi, le Saint-Père a été surpris lorsqu’il a appris ce qui s’était passé. Surpris et en souffrance. (…) C’était une grande humiliation pour la Pologne. Après tant de souffrances qui lui étaient infligées à travers l’histoire, elle ne méritait pas un autre martyre, un tel mal. (…) Tard dans la matinée du 13 décembre, Jean-Paul II, encore profondément ému, s’est adressé aux fidèles en répétant six fois le mot “solidarité”. Puis, se tournant vers la Mère de Dieu (comme si elle était l’interlocutrice et non le Kremlin), il a expliqué divers aspects de la doctrine sociale de l’Église, la justice. D’où l’idée de prière à Notre-Dame de Jasna Góra, avec laquelle le Pape terminait l’audience générale chaque mercredi. Il y rappelait le droit de ses compatriotes à la liberté et à la gestion autonome des problèmes internes, conformément à leurs convictions. Ce soir-là, à la fin du dîner, le Saint-Père nous a dit : « Prions, prions avec joie. Et attendons un signe du ciel ».
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.
Maison d’édition TBA. Varsovie 2007
