?Reuters

Une histoire amusante, mais dans un contexte très sérieux

Cela me rappelle une histoire amusante, mais dans un contexte très sérieux. Il s’agissait sans doute de la dernière visite de Georges Bush chez le Saint-Père. Je me souviens que le Saint-Père était alors assez faible, il parlait et lisait avec difficulté. D’abord, il a rencontré Bush dans la bibliothèque, en audience privée, en tête-à-tête. Et ensuite, comme le président était venu avec tout un cortège présidentiel, nous avons organisé une deuxième rencontre, cette fois pour tout le monde.  Non pas à la bibliothèque, où il n’y aurait pas assez de place pour tout le monde, mais dans la salle Clémentine. Il y avait une centaine de personnes environ. Le Saint-Père devait alors prononcer un discours de grande importance, appelé messaggio. Tout était préparé et il lisait son texte très lentement. Il était dans un état de grande faiblesse. Nous lui avons même proposé de le remplacer pou la lecture, mais il voulait lire son texte lui-même. Il lisait distinctement, mais très lentement ! Le lendemain, de telles interprétations apparurent dans la presse : « Monsieur le président, je vous le lis lentement, car je veux que vous arriviez à bien tout comprendre. »

– Peut-être qu’il y avait un peu de vérité dans ces interprétations ? Peut-être est-ce  pour cela que le Saint-Père lisait plus lentement et plus distinctement que d’habitude ?

– Peut-être, je ne le sais pas. Mais il était faible, et c’est plutôt pour cela. J’ai vu alors, dans la salle Clémentine, qu’en dépit de la fragilité du Pape, tout le monde l’écoutait avec grand intérêt et grand sérieux. Le président Bush également. J’ai l’impression que cette fragilité était un argument de plus dans la discussion. Cela agissait sur certains plus que sur d’autres. Car ils savaient que le Pape, malgré sa maladie, luttait pour l’homme, pour chacun d’eux, pour chacun de nous. Je me souviens qu’après les funérailles du Saint-Père, George Bush a dit que c’était le jour plus important de son mandat présidentiel. Un an auparavant, il a dû bien comprendre ce que le Saint-Père lui lisait si lentement et si distinctement.

Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »

Edition M, Cracovie 2008