Cette terrasse sur le toit du Palais Apostolique – magnifique, dominant le quartier, bien que complètement invisible d’en bas, depuis la place Saint-Pierre, fondue dans la forme géométrique de la résidence papale – était l’un des derniers endroits où Jean Paul II a visité avant sa mort. Elle a toujours été son petit havre de paix et de tranquillité. Le pape a souhaité revenir ici à la fin de son voyage terrestre pour regarder encore une fois Rome. Jusqu’à l’horizon…
C’était tôt le matin. Le Saint-Père m’a attiré à lui et d’une voix faible m’a dit à l’oreille qu’il aimerait monter. Alors je l’ai pris dans mes bras, je l’ai déplacé du lit au fauteuil roulant, je l’ai emmené dans l’ascenseur et nous sommes partis.
Le moment qui a suivi a peut-être été le plus exceptionnel de ma vie – à part la naissance de mes enfants. J’était comme dans une autre dimension. Et ce n’était pas seulement une expérience spirituelle. Même s’il était vraiment à la fin de sa vie, le pape me parlait encore ce matin-là, il s’est enquis avec plein d’intérêt de ma famille, et il me caressait la main avec sa main. C’était incroyable d’être témoin de son immense souffrance physique, de sa maladie dévastatrice, là-bas sur la terrasse, quand il regardait le monde avec ses yeux mi-clos.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Édition Znak. Cracovie 2020