J’étais alors assis dans la jeep du pape. Mais je n’ai ni vu le pistolet ni entendu le coup de feu. Je me souviens juste quand tous les pigeons se sont brusquement levés, des centaines d’oiseaux sont soudainement apparus au-dessus de la place. Probablement à cause du coup de feu. Ce n’est qu’après que j’ai regardé le pape qui était juste devant moi. Il s’est effondré. Sans réfléchir même un instant, j’ai appuyé sur le déclencheur de l’appareil – c’est ainsi que mon ami Arturo Mari, un photographe papal de longue date, m’avait décrit ce moment.
– Le pape a commencé à prier, il a prié la Mère de Dieu, je l’ai entendu appeler son nom – m’a dit le secrétaire du pape l’abbé Stanisław Dziwisz.
Le groupe terrifié d’accompagnateurs se trouvant avec le Pape fait une terrible erreur – à quelques centaines de mètres seulement, près de l’autre extrémité de la Via della Conciliazione, il y a l’hôpital Santo Spirito avec un service d’urgence. Ses médecins seraient en mesure de gérer parfaitement le pape qui saignait abondamment. Cependant, les collaborateurs du pape préfèrent suivre le sacro-saint protocole qui prévoit depuis des siècles qu’en cas de blessure ou de maladie, le Saint-Père doit être emmené dans son propre hôpital, c’est-à-dire à la clinique du Vatican portant le nom du prêtre et médecin Agostin Gemelli. Ils ramènent le pape grièvement blessé par la porte d’Arco delle Campane, puis par le parc derrière le dôme de la basilique Saint-Pierre au centre médical du Vatican. Il y a une ambulance qui se tient là jour et nuit.
– Je me souviens que son gyrophare bleu ne fonctionnait pas – l’abbé Dziwisz me le dira plus tard.
Le pape est placé dans l’ambulance qui se précipite ensuite dans les rues de Rome. C’est un voyage trop long pour une personne grièvement blessée. Le pape passe jusqu’à vingt minutes dans l’ ambulance. C’est une erreur qui aurait pu lui coûter la vie. Lorsque la voiture arrive à la clinique Gemelli, tout le monde perd la tête. Au lieu d’emmener immédiatement le pape dans la salle d’opération car il a perdu beuacoup de sang, les infirmiers l’emmènent dans l’appartement pontifical au dixième étage. Seulement là, à l’étage, une des infirmières, voulant saluer le pape, comprend la gravité de la situation. Elle s’assure donc que Wojtyla soit immédiatement ramené à la salle d’opération. Quand il y arrive enfin, les chirurgiens dirigés par Francesc Crucitti déclarent que le pape a déjà perdu beaucoup de sang et que sa vie est en grave danger. L’abbé Stanisław Dziwisz lui administre la dernière onction. Il s’attendait à ce que Jean-Paul II ne survive pas.
Andreas Englisch – Guérisseur. Miracles de Saint Jean-Paul II – Edition WAM – Cracovie 2015