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Rencontres amicales, familiales autour de la table

– Combien de personnes par jour le Saint-Père recevait-il en audience ?

– Cela allait

De deux ou trois jusqu’à une quinzaine. Il accordait dix à quinze minutes à chaque personne. Les rencontres avec les chefs d’Etat duraient une demi-heure au minimum. Mais ces audiences se prolongeaient souvent, le déjeuner était alors à 13h30. Parfois, le Pape avait un moment pour se reposer avant le repas, mais le plus souvent, une fois l’audience terminée, nous allions directement déjeuner. Les invités venaient plus tôt, ils attendaient dans le salon. Le Saint-Père s’y rendait, leur souhaitait la bienvenue, puis les invitait à la chapelle. Une brève prière individuelle et tout le monde se rendait ensuite au réfectoire pour le repas en commun.

– Au Vatican, on dit qu’avec Jean-Paul II, il y avait deux choses que l’on ignorait jusqu’à la dernière minute : à quelle heure il déjeunerait, et avec qui…

– C’est vrai. Il en était ainsi. S’il y avait un symposium, on prévoyait à l’avance qui viendrait déjeuner. Il en était de même pour les visites ad limina. La Saint-Père jouissait d’une totale liberté dans ce domaine. S’il voulait inviter quelqu’un qui se trouvait à Rome à ce moment-là, il le faisait.

– Y avait-il des personnes avec lesquelles il aimait particulièrement prendre ses repas ?

– Je pense qu’il aimait bien prendre ses repas avec le cardinal Jaworski, avec des évêques de l’épiscopat polonais, avec l’abbé Tadeusz Styczeń, et évidemment avec ses amis de son entourage cracovien. Les dimanches et jours de fête, nous invitions souvent plus de monde, notamment des Polonais. Ceux-ci étaient toujours privilégiés. De cette manière, le Saint-Père avait des contacts avec eux, pouvait en savoir plus sur la situation politique dans le pays, sur la situation dans l’Eglise polonaise. C’était important pour lui. Mais tout simplement, il aimait ces repas « polonais », cela le mettait de bonne humeur car il invitait des amis à sa table, des amis de Pologne, donc doublement proches.

– L’ambiance devait être sympathique à table. Seulement de bons amis.

– L’ambiance était gaie. Monseigneur Jeż (jeż signifie « hérisson » en polonais) avait l’habitude de dire : « Saint-Père, excusez-moi, mais je vais vous raconter une blague.» Et il racontait des histoires drôles. Par exemple : « Je vais souvent chez l’évêque Stroba pour une visite amicale, parfois de manière imprévue, parfois bien tard dans la soirée. Et, une fois, Monseigneur Stroba me dit : « Si tu viens encore une fois sans prévenir, je lâche mon chien contre toi. » Et moi, je lui réponds : « As-tu déjà vu un chien attaquer un hérisson ? » Et le Saint-Père riait de bon cœur. C’étaient donc des rencontres amicales, familiales autour de la table.

Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »

Edition M, Cracovie 2008