Au cours de ma jeunesse, j’ai été témoin de grandes souffrances et de douloureuses expériences. La génération à laquelle j’appartiens a connu les horreurs de la guerre, des camps de concentration et de la persécution. Dans mon pays natal, pendant la Seconde Guerre mondiale, des prêtres et des chrétiens laïques ont été emmenés dans des camps d’extermination. Environ trois mille prêtres ont été emprisonnés dans le seul camp de Dachau.Eh bien, dans ce grand et terrible théâtre de la Seconde Guerre mondiale, j’ai beaucoup été épargnée. . Tous les jours, je pouvais être emmené de la rue, de la carrière ou de l’usine et conduit au camp. Parfois je me suis même demandé: tant de mes pairs ont été tués, et pourquoi pas moi? Aujourd’hui, je sais que ce n’était un hasard. Dans le contexte de ce grand mal qui était la guerre, dans ma vie personnelle tout était centré sur le bien qui était la vocation. Tout a quelque peu favorisé le bien. Je ne peux pas oublier le bien que j’ai vécu dans ces moments difficiles de la part des personnes que Dieu a mises sur mon chemin: de ma famille ainsi que de mes amis.
Et j’en parle pour souligner que mon sacerdoce était à la première étape d’un énorme sacrifice de gens de ma génération, hommes et femmes. La Providence m’a épargné cette expérience difficile, mais c’est pourquoi j’ai un plus grand sentiment de dette vis-à-vis de tant de personnes que je connaissait, ainsi que de plus nombreuses encore sans nom, sans nationalité ni langue qui, par leur sacrifice, ont contribué d’une manière ou d’une autre à ma vocation sacerdotale. Dans un sens, ils m’ont guidé sur ce chemin, la lumière du sacrifice, ils m’ont montré la vérité – la vérité la plus profonde et la plus importante du sacerdoce de Christ.
Si je regarde ma jeunesse, cette jeunesse des années d’occupation – des années terribles, c’était un cauchemar – je vois que la principale ressource était l’Eucharistie. Et pas seulement pour moi, pour beaucoup d’autres…
Jean Paul II “Autobiographie”Edition Wydawnictwo Literackie, 2005