Toute la conversation s’est concentrée sur ce fil. Le Saint-Père n’a jamais entendu les mots: “Pardonne-moi”, ce qu’il a maintes fois rappelé avec tristesse. «Pourquoi es-tu vivant? Jean-Paul II n’a jamais oublié cette question. Il la portait avec lui pendant des années et la méditait. Il a trouvé la première réponse définitive. Il était sûr d’avoir été sauvé par Notre-Dame. Il y avait une réponse à la deuxième question qu’il voulait trouver. Alors qu’il approchait de la fin de sa vie terrestre, il ressentit le besoin de partager l’avis qu’il sétait forgé à ce sujet. Dans son dernier livre, «Mémoire et identité», nous lisons: «Ali Agca, comme tout le monde le dit, est un tueur professionnel. Cela signifie que l’attentat n’était pas son initiative, quelqu’un d’autre l’a planifié, quelqu’un d’autre l’a chargé de le mener à bien… » (…) Le destin (ou l’action de la Providence, comme diraient les croyants) a déterminé ce cours des événements. C’était aussi le destin qu’Ali Agca ait demandé à l’homme qu’il était censé tuer: «Pourquoi es-tu vivant? Mais il n’a pas demandé pardon! Jean-Paul II a même écrit ceci dans une lettre: “Cher frère, comment pourrions-nous nous tenir devant le Seigneur si nous ne nous pardonnons pas les uns aux autres ici sur terre?” Cette lettre n’a jamais été postée. Ali Agca l’aurait probablement méprisée. Le Saint-Père a préféré aller lui rendre visite. Faire un geste de réconciliation et serrer la main du terroriste. Cette main! Et l’autre, rien, zéro. Il ne s’intéressait qu’aux apparitions de Fatima. Il voulait savoir qui l’avait empêché de tuer cet homme. Mais demander pardon? Non, cela ne l’intéressait pas. Il ne l’a jamais fait. Il n’a jamais demandé pardon!
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage” – édition TBA. Varsovie 2007