On riait beaucoup

Le réveillon de Noël  commençait à dix-sept heures. Plus tôt, Jean-Paul II se reposait. Puis il priait dans la chapelle. Les invités attendaient dans une pièce attenante au réfectoire. Nous nous rencontrions là-bas. Le Saint-Père saluait tout le monde. Il échangeait quelques mots avec chacun d’eux – dit l’archevêque. – Et puis on invitait à table. Au début, il y avait la prière et la lecture d’un passage de la Bible. Jean-Paul II dirigeait la prière, et des passages de la Bible étaient lus parfois par le premier secrétaire, le cardinal Stanisław Dziwisz, parfois par l’un des invités : le professeur Tadeusz Styczeń ou le cardinal Stanisław Ryłko. Parfois c’était moi – se souvient l’archevêque. – Ensuite, le Saint-Père nous saluait et nous partagions tous l’opłatek (le pain azyme) et nous échangions nos veux. Les vœux étaient plutôt courts. Je me souviens que le Saint-Père aimait plaisanter pendant le partage de l’opłatek. Par exemple, il me disait : “Je te souhaite, Mieciu, de me supporter encore”. Le plus souvent je lui souhaitais la santé, la force … de nous supporter- dit-il en riant. Lorsque Jean-Paul II présentait ses vœux à tout le monde à table, il leur souhaitait le plus souvent de la joie. Cette joie était pour lui un attribut fort de la foi, son élément indissociable – dit l’archevêque. – “Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur!” – répétait-il. “Le Seigneur est proche.” Au cours du  réveillon de Noël,  je ressentais plus que jamais cette joie chez le Saint-Père. Il était heureux, il souriait. Il nous  bénissait ainsi que nos proches. Il disait qu’on était entre amis. Et que c’était comme à la maison. (…)

Sous la nappe il y avait pas mal de foin, assez pour le sentir. D’ailleurs, la table n’était pas grande. La pièce non plus. Ça sentait le foin et l’épicéa qui se trouvait dans le coin de la salle à manger. Il y avait des odeurs de la cuisine. Mais surtout la joie du réveillon en commun, de la rencontre, des souvenirs de Pologne. On parlait  beaucoup de la Pologne. Nous nous rappelions les fêtes en Pologne, le réveillon de Noël à la maison – dit l’archevêque.  Avec ses amis de Cracovie, le Saint-Père  rappelait les randonnées à la montagne et en kayak. C’était agréable de l’écouter. On riait beaucoup. Le temps passait vite.

Avec l’accord de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde”

Maison d’édition Znak, Cracovie 2013