On avait tenté de placer des espions à l’intérieur du Vatican

À la fin du voyage en Pologne (1979), Jean-Paul II reconnut qu’il y avait eu « un acte de courage des deux parties ». C’était une main tendue vers les gouvernants de Varsovie et les autres. Cependant, cinq mois après, tous les membres du secrétariat du Comité central du PCUS (parmi lesquels aussi le futur leader, Gorbatchev) approuvèrent un document de l’idéologue du parti, Mikhaîl Souslov, ayant pour titre : Décision d’œuvrer contre la politique du Vatican dans ses relations avec les États socialistes. Dans ce document, était établie toute une série de mesures concrètes – y compris l’infiltration d’espions à l’intérieur du Saint-Siège – pour contrecarrer l’action du pape polonais.
À ce moment-là, on n’en savait rien. Mais nous nous sommes rendu compte qu’on avait tenté de placer des espions à l’intérieur du Vatican. Je me rappelle un cas. Ce n’était pas un prêtre mais un diacre. À peine découvert, il fut renvoyé et disparut dans la nature. Mais il y en avait d’autres, très probablement. Le Saint-Père fut informé mais n’accorda pas beaucoup d’importance à l’affaire. Il ne montrait aucune crainte et puis, disait-il : « Je n’ai rien à cacher. »
Mais quelques mesures et de plus grandes précautions furent prises. On décida, par exemple, de conserver dans l’appartement pontifical certains documents classés secrets ou d’une grande importance, ainsi que les lettres privées. Je me rappelle, en particulier, les lettres du primat Wyszyński et de quelques autres cardinaux, dans lesquelles on demandait déjà au pape de faire des changements dans la curie romaine ! Pour le reste, chaque soir, arrivait l’huissier avec la vieille serviette pleine de documents de la secrétairerie d’État. Le Saint-Père les lisait, et pour chaque document, faisait annoter ses modifications. Puis, tout retournait à la secrétairerie. Dans mon souvenir, il n’y eut plus de fuites suspectes. À moins que les infiltrés des services secrets n’eussent changé de stratégie…
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013