Nous avons réfléchi à la manière d’organiser sa vie, de gérer les audiences. Nous avons supprimé les audiences privées, mais la vie de la maison avait repris son cours habituel. Le matin, nous emmenions le Saint-Père à la chapelle, dans son fauteuil roulant, il célébrait la messe assis. Je me souviens qu’il ne pouvait déjà plus se tenir debout à l’autel. Nous l’installions toujours sur un trône mobile. Il célébrait la messe, venait à la salle à manger pour les repas. Il revenait à une vie normale. Il lisait et priait beaucoup.
– Les messe étaient-elle silencieuses ?
– Le Saint-Père chuchotait, mais nous parvenions à le comprendre. A cet égard, il y avait vraiment un net progrès. Il avait retrouvé sa voix, mais il n’avait pas le droit d’en abuser.
– Après une semaine à la maison vint le Dimanche des Rameaux. Le Pape s’approcha de la fenêtre…
– Les médecins lui avaient demandé de ne pas s’approcher de la fenêtre, car cela pouvait lui faire du tort. Il se sentait de nouveau moins bien. Il avait du mal à manger, à avaler. Il avait maigri. De plus, il ne pouvait pas beaucoup parler. C’est pourquoi, lorsqu’il se rendit à la fenêtre avec un rameau d’olivier la main, les foules acclamèrent et lui garda le silence. Il brandit ce rameau en direction des fidèles et les bénit. Il avala sa salive et nous voyions bien qu’il désirait dire quelque chose, mais il en était incapable. Il prit alors sa tête entre ses mains. Nous avons essayé de l’écarter délicatement de la fenêtre, pour qu’il ne se fatigue plus, mais il a protesté. Il a frappé de la main l’accoudoir du fauteuil. Je ne sais pas si c’était une protestation contre notre intervention, ou contre la faiblesse qu’il n’arrivait pas à accepter.
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »