Il savait que la force de la communauté de la table du réveillon de Noël était énorme. Qui d’entre nous ne se souvient pas de ce réveillon en famille, lorsque les disputes se calmaient à la table de réveillon, quand les larmes coulaient au moment du partage de l’opłatek (pain azyme) – dit l’archevêque. Il y a de la magie dans cette soirée qui n’est évidemment pas de la magie au sens de la sorcellerie. C’est l’amour du Christ pour l’homme. Le Saint-Père disait toujours qu’elle faisait des miracles. C’est elle qui ne peut pas être vaincue. Il faut juste savoir en puiser. Il faut lui ouvrir la porte.
Jean-Paul II s’efforçait de créer au moins un minimum d’ambiance d’une soirée de réveillon de Noël dans ses rencontres de Noël avec les pèlerins. Autant de force et de proximité que possible. Lors d’une des rencontres avec de jeunes Polonais, il a déclaré à la fin : « Maintenant, j’ai une proposition. Nous ne pouvons pas partager réellement l’opłatek, car cela prendrait trop de temps, et je je pense que ce serait physiquement infaisable. Mais faisons-le au moins symboliquement. Je vous demande de vous lever dans un instant, afin que nous nous serrions tous la main, là où nous nous trouvons. En commençant ici par moi, je vais serrer les mains de mes voisins à droite et à gauche et tour à tour dans tous les rangs, pour que tout le monde soit relié et que cette liaison ne rompe nulle part. Nous chanterons alors aussi au moins le dernier couplet du chant de Noël « Dieu est né» (Bóg się rodzi) et ce sera le point culminant de notre rencontre. L’opłatek partagé symboliquement et une chaîne symbolique des mains. La puissance de l’unité qui naît de la naissance du Christ mais qui demeure pour toujours.
C’est ainsi que nous étions assis à cette table et c’était très chaleureux – dit l’archevêque. À la fin, il y a eu une courte prière ensemble, puis un repos avant la messe de minuit. Les invités repartaient, puis nous nous retrouvions tous à la messe de minuit – raconte Mgr Mokrzycki. Le Saint-Père priait encore dans la chapelle, puis lisait dans son bureau. Il confiait à Dieu cette soirée, ce moment. Puis nous allions ensemble à la basilique. Il marchait toujours en silence, concentré, ne disait jamais rien.
Avec l’accord de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde”
Maison d’édition Znak, Cracovie 2013