L’Evangile que nous venons de lire nous rappelle la parabole que Jésus a racontée aux pharisiens. Dans cette parabole, nous sommes frappés par un double et saisissant contraste – deux situations radicalement différentes. La première situation est présentée par Jésus avec parcimonie : « Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de fin lin et s’amusait jour après jour. A la porte de son palais gisait un mendiant couvert d’ulcères, nommé Lazare. Il voulait se contenter des déchets de la table du riche : de plus, les chiens venaient lécher ses plaies » (Lc 16 : 19-21). Le riche et le mendiant vivaient physiquement au même endroit, presque sous le même toit, mais ils étaient séparés par un profond gouffre d’indifférence et d’égoïsme, creusé par le premier qui avait tout. Il n’y avait aucune relation humaine entre eux. Les chiens étaient beaucoup plus proches de Lazare. Ce tableau drastique nous montre à quel point une personne peut se refermer sur elle-même, s’éloigner de ses voisins, être insensible à leur destin souvent dramatique. Il ne suffit pas de ne pas faire de mal à son prochain, car il reste toujours notre frère ou notre sœur, après tout, nous sommes les enfants d’un seul Père céleste.
Le deuxième contraste est la situation dans laquelle la position du mendiant et du riche change radicalement. Après la mort de Lazare, “les anges le portèrent sur le sein d’Abraham”, c’est-à-dire qu’il a pu atteindre la joie du ciel. Par contre, le riche insensible, dont Jésus n’a même pas prononcé le nom, s’est retrouvé « dans l’Hadès et dans les souffrances » après sa mort (Lc 16, 23-24). Et cette fois un gouffre profond s’est créé, mais c’était une conséquence du premier gouffre de l’extrême égoïsme. La justice, radicalement brisée sur terre, a été restaurée dans l’au-delà,.
L’Église n’a jamais oublié cette parabole. C’est pourquoi, depuis les origines jusqu’à nos jours, l’annonce de l’Évangile et le service sacramentel dans l’Église ont toujours été liés aux œuvres de miséricorde rendues aux autres, proches et lointains, connus et inconnus. Dans l’Église, en faisant le bien, il n’y a pas et ne devrait pas y avoir d’étrangers que nous croisons indifféremment. Chaque personne est notre prochain, surtout celui qui a besoin d’aide. Chacun de nous devrait être le Bon Samaritain dont Jésus a parlé dans une autre parabole.
Le Vatican – basilique Saint-Pierre, le 25 septembre 2022