Lorsqu’il trouvait dans les rues des gens se plaignant de leurs souffrances, pour les consoler avec une parole d’amour, sage et humaine, il a choisi de rassembler les jeunes dans l’Oratoire, sa véritable invention ! Il en a fait un lieu de rencontre joyeuse, une école de formation, un centre de rayonnement artistique. Dans l’Oratoire, saint Philippe, en plus de cultiver la religiosité dans ses modes d’expression ordinaires et nouveaux, s’est également engagé dans la réforme et l’élévation de l’art, le ramenant au service de Dieu et de l’Église. Convaincu que le beau mène au bien, il introduit dans son concept pédagogique tout ce qui porte la marque de l’art. Et il devient lui-même mécène d’expressions artistiques diverses, soutenant toutes les initiatives susceptibles de mener à ce qui est vrai et bon. Expressive et originale était la contribution de saint Philippe à la musique religieuse, la stimulant à s’élever au-dessus du seul plaisir, au niveau d’une œuvre d’esprit, renouvelée et édifiante. C’est pour son enthousiasme que les musiciens et les compositeurs ont commencé la réforme, qui a atteint son apogée dans Per Luigi Palestrina.
Que saint Philippe, homme bon et noble, saint, chaste et humble, apôtre actif et contemplatif, demeure un modèle constant pour les membres de la Congrégation de l’Oratoire ! Il communique à tous les oratoires un programme et un mode de vie qui sont encore particulièrement d’actualité aujourd’hui.
Le « quadrilatère » – humilité, amour, prière et joie – reste toujours l’attitude la plus solide sur laquelle s’appuyé la structure intérieure de sa propre vie spirituelle. S’ils sont capables suivre l’exemple de leur Fondateur, les Oratoriens continueront à jouer un rôle significatif dans les événements de l’Église.
C’est pourquoi j’invite tous les disciples de saint Philippe Néri à être toujours fidèles à la vocation oratorienne, à rechercher le Christ, à s’y tenir avec persévérance et à devenir de nobles semeurs de joie parmi les jeunes, souvent tentés par la méfiance et le découragement. Il m’est agréable, en plus de ces encouragements, d’implorer saint Philip Neri, pour la protection céleste de toute la communauté oratorienne, exprimant mes vœux que la commémoration de ce Jubilé devienne une occasion pour stimuler l’action de découverte des personnages et des œuvres de ce témoin spécial du Christ qui, à la fin de ce siècle, peut encore enseigner tant de chrétiens engagés dans la nouvelle évangélisation. A ces vœux, j’ajoute une Bénédiction Apostolique particulière que je donne de tout cœur aux membres de la Confédération de l’Oratoire et à tous ceux qui puisent dans la spiritualité du “Saint Joyeux”.
Le Vatican, le 7 octobre 1994
Jean-Paul II