Lettre du Saint-Père Jean-Paul II aux membres de la Confédération de l’Oratoire de saint Philippe Néri – deuxième partie.

Sur fond de panorama de la Renaissance romaine, saint Philippe apparaît comme un “prophète de la joie” qui a su suivre Jésus, et s’est aussi activement impliqué dans la culture de son temps, à bien des égards proche de notre culture contemporaine. L’humanisme, entièrement centré sur l’homme et sur ses capacités intellectuelles et pratiques particulières, proposait, contre une morosité médiévale incomprise, une redécouverte d’une fraîcheur joyeuse, naturaliste, dénuée de contraintes et d’interdits. L’homme, dépeint presque comme un dieu païen, est ainsi placé en position de protagoniste absolu. De plus, une sorte de révision de la loi morale s’opérait, dont le but était de rechercher et d’assurer le bonheur. Saint Philippe, ouvert aux exigences de la société de son temps, n’a pas rejeté cet ardent désir de joie, mais s’est engagé à en présenter la véritable source qu’il a découverte dans le message évangélique. La parole du Christ dessine le vrai visage de l’homme, révélant les traits qui font de lui un enfant bien-aimé du Père, à travers le Verbe incarné, reçu comme frère et sanctifié par l’Esprit Saint.

Ce sont les lois de l’Evangile et les commandements du Christ qui conduisent à la joie et au bonheur : c’est la vérité que Philippe a proclamée aux jeunes qu’il a rencontrés dans son travail apostolique quotidien. Son message était dicté par une profonde expérience de Dieu qu’il réalisait surtout dans la prière. La prière nocturne dans les catacombes de saint Sébastien, où il se rendait souvent, n’était pas seulement une recherche de solitude, mais un désir de passer du temps à parler aux témoins de la foi, un désir de les consulter – tout comme les érudits de la Renaissance entamaient des conversations avec les classiques de l’Antiquité, et de la cognition est venue l’imitation puis l’esprit de compétition.

Le Vatican, le 7 octobre 1994

Jean-Paul II