Les surprises ne manquaient jamais

L’animation était permanente chez le pape. Jean-Paul II aimait les gens qui l’entouraient. Travaillant pour lui au palais, nous n’avions même pas de pause déjeuner. Entre 13h30 et 14h00, il n’y avait pas de temps libre, comme auparavant,  pour manger en paix. Nous mangions un morceau sur le pouce et  allions au troisième étage, devant la porte de l’appartement papal où le déjeuner était sur le point de se terminer, les invités commençaient à partir lentement et nous devions les accompagner jusqu’à la sortie.

Le pape accueillait presque toujours les évêques du monde entier qui venaient à Rome en visite ad limina. Il ne négligeait personne. Je me souviens que la Conférence épiscopale brésilienne était si nombreuse qu’elle était divisée en différents groupes et que le Saint-Père dînait avec les évêques pendant toute la semaine. Chaque jour avec seulement une poignée, bien sûr, chaque fois un groupe différent, pour pouvoir échanger avec tout le monde. Il n’y avait pas plus de dix ou douze visiteurs à la fois. Ils parlaient de tout : de leur Église locale, de leur propre nation, du monde en général. Ces visites ad limina chez Jean-Paul II ne se terminaient jamais par une audience officielle. Elles étaient prolongées jusqu’au déjeuner, où l’ambiance était beaucoup plus conviviale, familiale et bienveillante. Il était plus facile pour le Pape de connaître ainsi les problèmes de certaines régions du monde. Ce n’est que vers 15 heures que les invités quittaient définitivement l’appartement pontifical, et la partie  plus calme de la journée commençait lentement – du moins en théorie, car il y avait toujours des surprises.

Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”

Éditions  Znak. Cracovie 2020