La crise entre l’État et l’Église est devenue encore plus dramatique lors des célébrations du millénaire organisées pour commémorer l’anniversaire du baptême de la Pologne et, en même temps, de l’établissement de l’État. Eh bien, d’une part, sous la pression des dirigeants du Kremlin qui venaient de se débarrasser de Khrouchtchev, et d’autre part, par crainte du gouvernement polonais que l’Église ne monopolise l’anniversaire, les célébrations religieuses ont été boycottées, et d’impressionnantes cérémonies laïques ont été organisées.
Sans aucun doute, ce fut un grand succès pour l’Église polonaise. Le même principe stratégique a été suivi partout. Tous les évêques polonais, dirigés par le primat Wyszyński, étaient présents dans chaque diocèse où étaient organisées des célébrations liées à la célébration du millénaire.
Il s’agissait à chaque fois de manifestations purement religieuses, spirituelles, ne présentant aucun signe de provocation, encore moins de nature politique. Et pourtant, grâce à la participation impressionnante d’immenses foules de fidèles et à la présence de tout l’épiscopat, elles ont eu une grande importance dans la sphère publique et ont chaque fois renforcé l’Église catholique. De cette façon, le cardinal Wyszyński est devenu pratiquement le chef de la nation. Dans le même temps, les autorités perdaient de plus en plus contact avec la réalité, et l’idéologie communiste révélait son vrai visage, complètement étranger et hostile à la nation. Face à la nation polonaise qui, depuis mille ans, crée et maintient sa propre identité et sa propre culture sur la base des valeurs chrétiennes.
« Les rues et les places n’appartiennent pas qu’aux communistes ; ils nous appartiennent aussi »- a déclaré l’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyła. Il revendiquait ainsi pour la communauté catholique le droit d’être présent dans l’espace public et le droit des croyants de professer librement leur foi, également hors des murs des églises.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz – “J’ai vécu avec un Saint”
Maison d’édition de saint Stanislas BM. Cracovie 2013