Les fidèles aiment beaucoup leur Pape

Jusqu’à présent, je n’ai décrit que des sorties d’une journée du Pape dans à la montagne, mais je n’ai pas encore mentionné les périodes tout aussi courtes des vacances de Jean-Paul II. Le Saint-Père avait des scrupules à abandonner ses fonctions pour quelques heures, et plus encore pour quelques jours. Au cours d’un de ses voyages dans les montagnes des Abruzzes, notre bien-aimé Pape a répété à plusieurs reprises que, bien que ces courts voyages soient pour lui une excellente occasion de repos, ainsi que de prière et de contemplation (dans le cadre magnifique des montagnes et de la nature), ils sont aussi un motif d’inquiétude, car il estimait que par ses voyages il ne faisait qu’alourdir les obligations de ceux qui l’accompagnaient. Mais surtout, Jean-Paul II croyait que ces courtes périodes de repos étaient, en un sens, une offense à Dieu, puisqu’il ne remplissait pas (directement) ses devoirs pastoraux pendant ces périodes. À la fin d’un tel voyage, avant de repartir pour Rome, le Saint-Père m’a appelé à lui comme il le faisait habituellement, a enlevé sa casquette et a littéralement dit : « Je ne le mérite pas ».

Jean-Paul II avait l’habitude d’échanger quelques mots avec ceux qui l’accompagnaient habituellement, dont moi. Une fois, à la Camerata Nuova, il m’a appelé et, étant d’une humeur exceptionnelle ce jour-là, m’a dit que ces voyages avec lui avaient fait de moi un meilleur sportif. En fait, j’ai perdu du poids récemment. Profitant de la bonne humeur du pape et de sa volonté de parler, je me suis permis de suggérer – conformément aux conversations antérieures avec son secrétaire, le secrétaire Stanisław Dziwisz – que le moment était venu pour lui aussi de prendre de courtes vacances pendant l’été et de se reposer. Après tout, un tel repos lui serait très utile pour renforcer ses forces physiques et spirituelles, surtout en vue des devoirs prochains liés à la fin du deuxième millénaire, qui était encore assez lointaine mais la fin du siècle commençait déjà à “frapper à la porte”. Le Saint-Père a répondu qu’une telle décision ne serait pas bien accueillie et comprise par la majorité des fidèles, non seulement en Italie, mais aussi dans le monde entier. Son inquiétude n’était pas complètement infondée – les fidèles ne comprenaient vraiment pas et ne connaissaient pas le mode de vie des papes qui, avant Jean-Paul II étaient très éloignés et inaccessibles pour les gens ordinaires, dont ils étaient séparés par une sorte de barrière mystique. Mais c’était différent avec Jean-Paul II. Dès les premiers jours de son pontificat, il est allé parmi les foules et s’est donné entièrement à elles, avec l’enthousiasme, le zèle et l’esprit de service typique des jeunes et humbles prêtres. Heureusement, le temps passe et les mentalités s’améliorent très rapidement. J’étais convaincu que les fidèles aimaient beaucoup leur Pape.

Enrico Marinelli “Le Pape et son général” – Maison d’édition “Rafael