C’est le Pape polonais qui, en vertu de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis du 22 février 1996, a décidé que les cardinaux devaient avoir des conditions plus dignes et plus accessibles pour décider lequel d’entre eux deviendrait le chef de l’Église. Dans le point 42 du chapitre 2 de ce document, Jean-Paul II écrit clairement qu’au début de la procédure d’élection d’un nouveau pape, les cardinaux doivent avoir un séjour temporaire confortable dans la Domus Sanctae Marthae, récemment construite au Vatican. Dans le point suivant, il ajoute que tout doit être organisé et adapté sur le territoire de la Cité du Vatican, pour assurer la discrétion et que personne ne s’approche des cardinaux électeurs lors de leur déplacement de la Maison de Sainte Marthe au Palais Apostolique.
Je me souviens clairement des deux printemps au Vatican : 2005 puis 2013. Un après-midi d’avril, la veille de l’élection de Benoît XVI, je me tenais sur la belle terrasse, sur le toit d’un des bâtiments du Vatican. Derrière moi s’étendait la verdure des Jardins du Vatican. Ils étaient si proches que l’on pouvait sentir l’herbe fraîchement coupée et les magnolias qui poussaient leurs premières fleurs. Il y avait un silence. Quelque part au loin, ne parvenaient que les sons de la Ville Éternelle, pleine de vie. De plus en plus de foules affluaient sur la place Saint-Pierre, attendant la fumée blanche. Et juste devant moi, en bas à droite, face à l’énorme toit de la basilique vaticane, les cardinaux-électeurs sortaient de la maison Sainte-Marthe. Un par un, ils montaient dans les minibus qui s’approchaient et un instant plus tard, il parcourait le chemin derrière l’abside de la basilique, Via delle Fondamenta – le Chemin des Fondations. Pour voter dans la Chapelle Sixtine. Pour écrire de nouvelles pages de la grande histoire de l’Église…
En les regardant passer juste en dessous, mes pensées revenaient à cette décision de Jean-Paul II de 1996, qui ne voulait pas que les hiérarques du prochain conclave s’entassent dans les chambres de fortune du Palais Apostolique verrouillé, tout comme lui et ses prédécesseurs.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Éditions Znak, Cracovie 2020