Nous pensions que la crise était derrière nous. Que ce serait mieux maintenant. Ça y ressemblait. Il était plus fort, en quelque sorte plus joyeux. Il devait aussi sentir sa force revenir, et il l’appréciait. Mais la joie n’a pas duré longtemps. Jusqu’à mercredi. Le Saint-Père a parlé depuis la bibliothèque lors de l’audience générale – dit l’archevêque. Il y avait un grand écran dans la salle Paul VI. Et des foules de croyants. Le Pape a salué les Polonais et nous a exhortés à ouvrir nos cœurs à une conversion sincère et profonde. Et le soir – la crise des contractions. Le cardinal Jaworski a administré le sacrement des malades au Saint-Père. Ça avait l’air mauvais. Le Saint-Père, comme d’habitude, était calme. Le Dr Buzzonetti est venu et a dit que nous devions aller à l’hôpital pour des examens. Le matin ça allait mieux. Et puis son état a empiré. Les contractions étaient de retour. Le pape perdait son souffle. Il a été rapidement décidé d’aller à l’hôpital. Ils sont allés à Gemelli. Les médecins ont immédiatement dit qu’il fallait opérer – se souvient l’ancien secrétaire papal. C’est la maladie de Parkinson qui a aggravé les crises. C’est ce qu’ils nous ont expliqué. Du liquide s’accumulait dans les poumons. Le Saint-Père ne pouvait plus contrôler les muscles de l’œsophage. C’était le jeudi 24 février. Comme le dit l’archevêque, Jean-Paul II ne voulait pas d’opération. Il voulait la reporter à l’été – se souvient-il. Il n’a pas dit pourquoi. Il a demandé de reporter de quelques mois. Peut-être espérait-il que cela fonctionnerait encore. Mais pour les médecins il était dangereux d’attendre. Ils ont persuadé à la fois les secrétaires et le pape qu’il fallait opérer immédiatement. Il s’agissait d’une trachéotomie. En fin de compte, nous avons également commencé à convaincre le Saint-Père – dit Mgr Mokrzycki. Nous avons beaucoup insisté. Et à la fin il a accepté. Il voulait juste savoir s’il retrouverait sa voix après cette opération. Les médecins disaient qu’ils feraient de leur mieux pour qu’il puisse récupérer la voix. Cela l’a calmé. Comme toute sa vie, il a confié l’opération à Marie.
Avec le consentement de MgrMieczysław Mokrzycki – “Une place pour chacun”
Maison d’édition Znak, Cracovie 2013