– Que servait-on pour le déjeuner ?
– Le Saint-Père ne suivait pas de régime particulier. Le plus souvent, on servait des plats italiens, quoique préparés par des religieuses polonaises. Elles cuisinaient fort bien à l’italienne. Une entrée légère, puis des pâtes – la pasta – et ensuite un morceau de viande. Il y avait toujours un petit dessert.
– Le Saint-Père avait-il des plats préférés ?
– Il m’est difficile de le dire, car lorsque je suis devenu secrétaire, les sœurs savaient déjà fort bien ce que le Saint-Père aimait, et c’est cela qu’elles lui servaient. Mais je sais qu’il aimait les sucreries.
– Le gâteaux à la crème…
– Le gâteaux à la crème (mille-feuilles), cela date de son enfance. Mais en fait, il mangeait de tout. Il ne faisait jamais le difficile, ne refusait jamais rien. Mais il préférait les sucreries. Après repas, un moment de repos, et puis de nouveau le travail. Jean-Paul II s’enfermait dans son cabinet. De nouveau, il lisait et écrivait. Comme le dit l’abbé Mokrzycki, « il faisait ses lectures ». Il lisait des vies de saints et des œuvres de théologiens contemporains. Il revenait souvent aussi à des livres scientifiques, à la théologie morale ou à la bioéthique. De temps en temps il lisait un passage de la Trilogie de Sienkiewicz, pour le plaisir et pour s’en souvenir… Il vivait cette histoire. Le passé était toujours vivant pour lui. Après la lecture, le Saint-Père nous recevait, nous, ses secrétaires. Il nous accordait environ une demi-heure pour prendre connaissance des documents et signer les lettres que nous lui avions préparées. De dix-huit à dix-neuf heures, il avait une audience avec ses ministres. Chaque jour venait une personne différente. Le lundi, c’était le secrétaire d’Etat, c’est-à-dire le premier ministre. Le mardi, le secrétaire adjoint. Le mercredi, le ministre des affaires étrangères. Le jeudi, le cardinal d’une congrégation ou l’autre. Le vendredi, toujours le président de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le samedi, le cardinal responsable des nominations d’évêques.
– Et ensuite venait le diner ?
– Avant de se mettre à table pour le diner, le Saint-Père se rendait à la chapelle. Il récitait le bréviaire, les vêpres et ses autres prières. Le dîner était à 19h30. Parfois, il y avait des invitées. Sinon, seulement nous deux. Durant le dîner, le Saint-Père regardait toujours les annonces des principales nouvelles du journal télévisé, à la télévision polonaise. S’il y avait quelque chose d’intéressant, il regardait plus longtemps. Si le diner se prolongeait, nous jetions aussi un coup d’œil sur le journal italien.
– Aimait-il suivre le journal télévisé ?
– Oui, car cela i’ intéressait. Mais pas trop longtemps, le début seulement, pour voir ce qui se passait dans le monde.
– Faisait –il des commentaires ?
– Rarement, mais cela lui arrivait. Les tragédies humaines et les malheurs le touchaient beaucoup. Il confiait ces problèmes au Seigneur dans la prière.
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008