Le pape polonais a gagné leurs cœurs

C’était en novembre 2019. Nous étions avec le pape François dans un long pèlerinage, dans l’un de ses voyages les plus lointains à ce jour – en Thaïlande et au Japon. Statistiquement, seule une poignée de catholiques vivent dans les deux pays. A Bangkok, nous avons été accueillis avec ovation non seulement par la foule des habitants de la capitale de la Thaïlande, mais aussi par d’autres fidèles, venus des coins les plus reculés du pays, et les rues étaient remplies d’affiches et rubans papaux blancs-jaunes. Tokyo nous a accueillis avec pluie, froid et indifférence bien évidente. Toujours isolés, insulaires, distants et ne cherchant pas le contact, les Japonais ne semblaient pas intéressés par la visite du Successeur de Saint-Pierre. Nous, journalistes de l’entourage pontifical, avions quelques inquiétudes quant à la tournure des événements et à l’accueil de François.
Cependant, je dois admettre qu’au tout premier moment, lorsque je suis allé au bureau de presse à Tokyo, non seulement j’ai été agréablement surpris, mais j’ai été profondément ému. Tant dans la presse japonaise que dans les propos des personnes avec qui j’ai eu des contacts, la même pensée revenait : la visite du Pape a rappelé dans leurs mémoires le pèlerinage historique de Jean-Paul II au Japon trente-huit ans auparavant ! Le pape polonais a gagné leurs cœurs. Pour les habitants du pays du soleil levant, la raison suffisante pour l’aimer était qu’en tant que grand leader mondial et autorité, il avait passé du temps à assimiler la prononciation japonaise et à apprendre à lire le japonais avant d’arriver.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020