Conservateur? Traditionaliste? Qu’est-ce que ça veut dire?!
Jean-Paul II était un traditionaliste sur des questions qui devaient être définies de manière traditionnelle. La tradition est un élément extrêmement important dans l’Église. Après tout, nous avons deux sources de la Révélation: la Bible et la Tradition. Il y a aussi une tradition théologique, il y a des traditions nationales, la culture et l’Église. Une nation sans racines se fanerait comme un arbre. Le Saint-Père essayait de cultiver et de prendre soin des racines de l’Europe chrétienne.
Conservateur? Traditionaliste?
La même référence doit se poser par rapport à la problématique morale. Karol Wojtyła était un homme très moderne ici, comme il l’a déjà montré dans son premier livre « Amour et responsabilité ». (…) Il est également resté moderne en tant que Pape. Cela se manifestait dans l’argumentation, dans l’approche des différents problèmes, et surtout dans un nouveau regard sur les sciences sociales. Là où il fallait, il était progressiste. Là où c’était nécessaire, il est resté traditionaliste au sens propre.
Le Pape n’a jamais été convaincu de l’exactitude des «vérités» qui régnaient sur le monde et l’histoire à cette époque. Par exemple, il ne partageait pas l’opinion que l’homme moderne aurait un avenir dépourvu de dimension spirituelle, et que le but ultime du processus de sécularisation serait d’éliminer la religion, ou du moins de la limiter à la sacristie et à sa propre conscience. Par conséquent la jeune génération s’éloignerait définitivement de la foi et de l’Église. Jean-Paul II ne s’est jamais laissé convaincre que l’Europe resterait toujours divisée, abandonnant la tradition d’unité qui, après tout, est née de la foi chrétienne. C’est peut-être l’attitude anticonformiste du nouveau Pape qui a commencé à introduire de l’anxiété dans la politique, la diplomatie internationale et le monde religieux toujours divisé.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage” ; édition TBA, Varsovie 2007