J’étais sur le toit tous les jours dès le petit matin. J’aimais regarder Rome sous le soleil frais du matin. Et le Saint-Père ne prévenait jamais qu’il me rejoindrait. Seulement parfois, la sœur Tobiana me le faisait savoir un instant plus tôt, j’arrêtais donc de jardiner un instant et je me tenais à l’écart pour ne pas le déranger. Mais le plus souvent, le pape ne disait à personne à la maison qu’il allait sur le toit, il prenait spontanément l’ascenseur, montait à l’étage et s’approchait de moi par surprise. J’entendais sa voix basse profonde dire “Buongiorno!” et immédiatement ça me faisait chaud au cœur, même si à chaque fois je sursautais un peu, même après des années, car c’était le pape lui-même qui se tenait à un mètre de moi et regardait ce que je faisais avec les plantes là-bas. Nous avions l’habitude d’échanger quelques mots et je continuais à faire mon travail. Ou du moins j’essayé, même si mes mains tremblaient un peu.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Éditions Znak. Cracovie 2020
