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J’ai revu l’homme que je connaissais

La porte du conclave fut enfin ouverte et le «maréchal», le marquis Giulio Sacchetti, me conduisit à l’endroit où le Saint-Père dînait avec tous les membres du Collège des cardinaux. En entrant, le cardinal Camerlengo Jean Villot se leva et, souriant, me présenta au nouveau pape. C’était une rencontre tellement ordinaire, et pourtant elle suscita de grandes émotions en moi. Il me regarda, essayant peut-être de deviner ce que ressentais en le voyant dans ses nouveaux habits. Il ne dit rien. Et pourtant je fus touché par son regard qui me touchait toujours. J’avais devant moi le Pape, le pasteur de l’Église universelle. À ce stade, je réalisai qu’il n’était plus le cardinal Karol Wojtyła, mais Jean-Paul II, successeur de Saint-Pierre. Puis il s’approcha de moi et dit deux ou trois phrases pleines de l’humour qui le caractérisait et qui firent chuter mes émotions et je revis l’homme que je connaissais. Il parlait des cardinaux et de sa grande surprise qu’ils l’aient élu. Il voulait dire: “Qu’est-ce qu’ils ont fait?!” C’est mon interprétation de ses paroles. (…) Après le souper, le Saint-Père est retourna dans sa chambre dans la mezzanine de l’appartement du secrétaire d’État, qu’il partageait avec le métropolite de Naples, Corrado Ursi. Ils se connaissaient bien avec l’archevêque Ursi, ils ont reçu ensemble le chapeau cardinalice. C’est là, dans cette petite chambre que le nouveau Pape a commencé son ministère. Il s’est mis à préparer l’homélie du lendemain, qui devait être prononcée en latin.

Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage” – édition TBA. Varsovie 2007