Nous préparions nos sorties hors de la ville déjà quelques jours plus tôt. Je partais en reconnaissance avec un de mes collègues, on analysait les cartes, on choisissait le bon endroit où s’arrêter, monter une tente, organiser un pique-nique, et surtout passer quelques heures au calme.
La condition clé lors du choix de la destination de la sortie était l’existence de voies d’évacuation en cas d’événements imprévus. Par conséquent, en règle générale, nous avons éliminé les endroits où un seul itinéraire menait, même s’ils étaient beaux ou exceptionnellement charmants. Valentino Pinci était le chauffeur papal lors de ces incursions secrètes. Avant cela, il co-décidait de la direction de l’escapade. Puis, le jour du départ, ils étaient tous les cinq ensemble. Ils ont rejoint les gendarmes à la même époque, au début des années 1980. Tous ont passé une grande partie de leur vie, sans se plaindre de leur sort,en service lors d’audiences et de célébrations qui se sont multipliées sous le pontificat de Jean-Paul II. Ils avaient un point commun : une insoutenable discrétion… Deux fois après la mort de Jean-Paul II, nous étions ensemble en Pologne, dans la régions de Petite-Pologne, aimée du Pape. Pour la première fois, lors de la présentation du best-seller du cardinal Stanisław Dziwisz et Gianfranc Svidercoschi, “Témoignage” à Cracovie, et la deuxième fois lors de la cérémonie d’ouverture du nouveau Musée de la Maison Familiale Jean-Paul II à Wadowice. Ces deux voyages, que j’ai eu le privilège de co-organiser et de piloter de la part du Vatican, étant également interprète pour les invités romains, ont été agrémentés de merveilleuses histoires racontées pers les gendarmes. Cette poignée de personnes constitue un trésor de souvenirs dont ils n’ont jamais parlé jusqu’à présent. Ils ont passé d’innombrables heures avec Jean-Paul II. Certains sont encore en service actif dans la gendarmerie vaticane et travaillent actuellement pour François, ils ne peuvent pas raconter l’époque aux côtés de ses prédécesseurs. D’autres, comme Valentino, estimaient que leur mission auprès du Pape était une affaire très personnelle qui ne devrait jamais voir le jour. Jusqu’au jour de l’écriture de ce livre.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Éditions Znak. Cracovie 2020