Il est intéressant de constater que presque toutes les personnes avec qui je parlait au fil des ans de leur première rencontre avec Jean-Paul II répètent les mêmes mots : un regard électrisant, l’incroyable puissance qui émanait de lui – malgré la fragilité et faiblesse physique grandissantes au fil des ans. Un autre homme qui a déjà passé vingt-trois ans dans la caserne de la Garde Suisse papale et pour qui cet environnement était comme une seconde famille, a partagé avec moi une impression similaire.
Sa présence dans la Garde est absolument indispensable, même s’il reste au quotidien dans l’ombre de son atelier situé dans une petite cour qui mène à la cantine et à la cuisine des soldats. Voici Ety Cicioni – le tailleur de la garde papale. Il est venu à la garde en 1997. Quelque temps plus tard, à sa grande surprise, il a entendu le téléphone sonner.
– Je me souviens parfaitement, c’était vendredi, en fin d’après-midi. J’étais sur le point de fermer mon atelier et m’apprêtais à rentrer pour le week-end à Teramo, une province à une centaine de kilomètres de Rome. Le téléphone a sonné et je n’avais même pas envie de revenir pour répondre. J’étais même impatient car je voulais déjà partir et j’avais peur que quelqu’un appelle avec une commande urgente.
Mais c’était une Sœur du Saint-Cœur de l’appartement papal qui m’a demandé si je voulais venir le lendemain à sept heures du matin pour la messe avec le Pape.
La surprise était énorme. Je travaillais depuis plus d’un an et demi près de lui, presque sous ses fenêtres, à l’ombre du Palais Apostolique, donc théoriquement j’étais habituée à la présence du Pape à proximité, mais je n’avais aucun contact personnel avec lui. Et voici une telle opportunité! J’ai été invité avec ma fiancée Lucia, ma mère et ma sœur cadette.
Bien sûr, nous y sommes tous allés, et après la messe, dans sa bibliothèque privée, le Pape s’approchait de chacun des invités et échangeait un mot avec lui. Il y avait quelque chose d’incroyable en lui au point d’oublier que tout ce que je m’étais préparé à lui dire, j’ai eu un trou noir dans la tête.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020