J’ai immédiatement compris la situation et j’ai ordonné à mes agents de ne pas intervenir pour ne pas l’aggraver. Je voulais éviter une situation conflictuelle entre mes agents et les carabiniers locaux, dont la seule « faute » était de vouloir obéir aux mauvais ordres. Ils n’étaient pas aucunement responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvions tous. Entre-temps, nous avons constaté la présence de deux autres policiers, cette fois en civil, auxquels se sont rapidement joints d’autres agents de la police fiscale, ainsi que des gardes forestiers du département de la police forestière locale, tous en uniforme, et enfin un officier supérieur des carabiniers. En lui présentant brièvement la situation, je lui ai demandé de rappeler ses agents, et si possible de les renvoyer complètement car le nombre de fonctionnaires qui suivait le pape était énorme. Bien que l’officier fut d’accord avec moi et ait essayé de faire quelque chose, il était malheureusement trop tard. La présence de tant d’officiers en uniforme a attiré l’attention de tous les autres skieurs qui se trouvaient sur cette piste et à la remontée mécanique. Réalisant qu’il devait y avoir une personne importante sur les pistes, ils ont commencé à la chercher et à essayer de découvrir de qui il s’agissait afin de rencontrer cette personne importante. Il n’y avait pas d’autre moyen que de fermer l’accès à l’une des pistes et de la laisser uniquement à la disposition du Saint-Père. Cependant, la nouvelle de la présence d’une personnalité rare était déjà passée au-delà des montagnes des Abruzzes. J’ai remarqué que des journalistes, des opérateurs de télévision et des badauds commençaient à se rassembler. Il était déjà 16h30. J’étais en communication avec Cibin qui a signalé la gravité de la situation au secrétaire du Pape et ensemble, nous avons convenu que toute la suite papale quitterait les pistes par une autre route. De cette façon, il est devenu possible d’atteindre l’institut religieux qui nous accueillait sans être la proie de la curiosité de nombreux journalistes et spectateurs. (…)
Avant de retourner à Rome, le Pape a posé des questions mon sujet. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il a immédiatement remarqué que j’étais un peu triste et déprimé à cause de l’effondrement organisationnel des services de sécurité. Cependant, le Saint-Père, comme toujours joyeux et heureux, nous a tous remerciés de lui avoir permis de passer une belle journée à la montagne. En aucun cas, il n’a commenté la situation dans son ensemble ni évoqué mes supérieurs.
Enrico Marinelli “Pape et son général” – Edition “Rafael”