Il traversait la foule, serrant des centaines de mains tendues

J’ai vu ce pape pour la première fois de mes propres yeux à l’automne 1987. J’ai promis à ma mère que je lui apporterais un chapelet béni par le Saint-Père, alors j’ai pris ma Vespa et pour la première fois je me suis rendu à la rencontre à la salle Paul VI. A cette époque, Jean-Paul II se déplaçait encore du pas vif d’un homme habitué à parcourir à pied des distances même considérables. A peine était-il entré dans la salle qu’il y a eu des acclamations. „John Paul Two, we love you” – ont scandé les masses, et il a saisi le microphone et a répondu : „John Paul Two loves you”, ce qui a été applaudi. (…) Plus tard, après l’audience, j’ai vu Karol Wojtyła marcher parmi la foule, serrant des centaines de mains tendues. Il était gêné de recevoir des expressions de révérence lorsque les gens tombaient à genoux devant lui. Il les relevait et chaqu’un de ses gestes exprimait : « Je ne suis pas quelqu’un d’exceptionnel ». J’imaginais ce pape différemment. Une photographie de Pie XII était accrochée au-dessus du lit de ma grand-mère jusqu’à sa mort, le pape assis raide sur son trône, bénissant quelque chose d’invisible sur la photographie. Il ressemblait à une statue, et pas du tout à l’homme qui traversait la salle d’audience maintenant. Les foules se pressaient contre lui, mais il ne semblait pas s’en soucier et il continuait à marcher, serrant les mains et bénissant les fidèles. Il m’a plutôt fait penser à un simple curé qui ne se sent pas très à l’aise dans le rôle de pape. Rien dans son attitude n’indiquait que le jour viendrait où nous honorerions Wojtyła comme un pape extraordinaire et comme un saint.

Andreas Englishch. « Guérisseur. Miracles de saint Jean-Paul II ».

Maison d’édition WAM. Księża Jezuici. Cracovie 2015