Il se déplaçait ainsi dans le Palais Apostolique

Il y avait toujours des audiences dans diverses salles, en partant de la salle Clémentine, en passant par la salle du trône et les autres. Elles étaient séparées par des distances considérables, parfois le pape devait parcourir plusieurs centaines de mètres. Ses secrétaires ont souligné qu’à de telles distances, le Saint-Père ne devrait pas être transporté sur une chaise à petites roues, car il y a un risque que les roues se coincent quelque part, que la chaise se coince et que quelque chose de grave se produise. Ils m’ont donc chargé de concevoir une petite plate-forme mobile sur laquelle le pape et le fauteuil pourraient être placés et poussés d’une pièce à l’autre. La pente d’une telle plate-forme, cependant, ne pouvait pas être grande, ce qui signifiait que le pape devait être poussé en présence des fidèles sur une rampe d’une longueur de quatre ou cinq mètres jusqu’au sommet de la plate-forme, ce qui à mon avis n’était pas envisageable. Je me souviens que j’avais deux jours pour trouver quelque chose… Aucun de nous, les ingénieurs, n’a été en mesure de trouver une bonne solution. Je suis rentré tard le soir, j’avais la tête pleine d’idées, mais aucune n’avait de sens. Et soudain, la nuit, j’ai rêvé d’une solution. À ce jour, je suis convaincu que c’était vraiment le doigt de Dieu, une révélation. Je suis venu avec un modèle de petite plate-forme en forme de U qui entourait parfaitement le fauteuil. La chaise elle-même avait un système de levage comme celui de l’autel, composé de deux parties qui se dépliaient. La partie supérieure entrait dans la plate-forme susmentionnée et la partie inférieure s’élevait et se cachait comme les roues d’un avion lors du décollage. Le pari réussi ! Et à partir de ce moment, le pape se déplaçait ainsi dans le Palais Apostolique.

Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”

Éditions Znak. Cracovie 2020