Au cours des quatre décennies que Demetrio a passées à travailler dans l’imprimerie, l’institution a complètement changé de visage. Il ne s’agit pas seulement de fusionner deux structures auparavant séparées en un seul organisme compact, mais surtout de l’approche même de l’État de du Vatican – y compris le Pape – vis-à-vis des employés et de leurs tâches. L’année 1982 marque un tournant. Aussi pour Demetria lui-même.
– J’ai finalement été employé à temps complet. Je ne le devais qu’à l’implication de Jean-Paul II. Il prenait grand soin de tous ses employés, peu importe le type de travail qu’ils exécutaient. Lorsqu’il a annoncé l’Année Sainte Extraordinaire en 1983, il a donné à chacun de nous un diplôme commémoratif personnel et une rémunération supplémentaire. En montant d’aujourd’hui, c’était environ un millier d’euros. Une somme considérable.
C’est Jean-Paul II qui a fondé un syndicat au Vatican. Mais c’était une révolution ! Avec mes amis, nous nous sommes tous immédiatement inscrits au syndicat. Plus d’une fois, il nous est arrivé d’organiser une grève interne au Vatican : nous sommes allés « en cortège » à la cantine ouvrière et nous y avons tenu un meeting. De nombreux prêtres regardaient par les fenêtres, se demandant ce que nous faisions. Et nous protestions car, par exemple, nous avions demandé une augmentation et on ne nous l’a pas donnée, nous voulions que la rémunération varie selon l’ancienneté ou le type d’emploi, le lieu de travail et sa nature. Nous faisions grève grâce à l’existence de syndicats que le Pape a mis en place, et c’est finalement grâce à Jean-Paul II que nous avons réussi à obtenir ce que nous voulions.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020