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Il nous revenait de temps en temps, nous regardait et semblait esquisser un petit sourire

Il souhaitait ardemment tenir jusqu’au Dimanche de la Miséricorde Divine, le 3 avril. Il a dicté une lettre qui devait être lue ce jour-la a Łagiewniki, dans le Sanctuaire de la Miséricorde à Cracovie, et dans celleci il exprimait son dernier souhait : « Je désire, une fois encore, confier à cet Amour l’Eglise et le monde, tous les hommes sur la terre entière et moi-même dans ma faiblesse. » Le samedi 2 avril à 7h30, une messe fut célébrée à son chevet, la dernière. Près de lui se tenaient ses deux secrétaires, cinq sœurs du Sacré-Cœur et son médecin personnel le docteur Renato Buzzonetti. Il y eut ensuite les prières et lectures de l’Évangile. « C’est la sœur Euphrosyne qui lisait. C’est elle aussi, avec la sœur Tobiana, qui a dirigé les prières. À partir de quatorze heures, la Saint-Père a commencé à perdre conscience. Il se détachait progressivement de nous. Il se calmait, fermait plus souvent les yeux et s’endormait. Nous n’avions déjà plus de contact direct avec lui, il était très silencieux. Mais il nous revenait de temps en temps, nous regardait et semblait esquisser un petit sourire. »

– Avez-vous fait vos adieux au Pape ?

– Il était environ seize heures. Nous savions que ses forces l’abandonnaient. Nous nous sommes seulement approchés du Saint-Père, nous lui avons baisé la main et l’anneau. Et chacun de nous disait au Saint-Père ce qu’il voulait lui dire pour terminer. Cela pouvait être « Merci », « Que Dieu vous bénisse pour tout » ou tout simplement « Je vous prie de me bénir ».

– Et vous, qu’avez-vous dit ?

– Je lui ai dit : « Merci pour tout, Saint-Père » et « Je vous prie de me bénir ».

– Le Saint-Père vous a-t-il répondu quelque chose ?

– Non, il m’a seulement regardé. Un regard tellement serein et conscient. De la main, il a tracé le signe de bénédiction. Il n’y avait aucune trace de désespoir en lui. Comme s’il voulait dire : « N’ayez pas de chagrin », « N’aie pas de chagrin, Mieciu ». Il était comme d’habitude. Et c’est cela qui était très difficile pour moi. Car d’une part, je ne voulais pas montrer que c’étaient les adieux, que c’était la fin, je ne voulais pas de cette atmosphère, et d’autre part, nous avions tous besoin d’une parole, d’un geste. Un homme croyant sait que c’est le début d’une vie meilleure, mais lorsqu’il fait ses adieux à quelqu’un qu’il aime, à quelqu’un de tellement proche, il lui est difficile d’y penser sans tristesse, sans chagrin.

Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »

Edition M, Cracovie 2008