Il nous apprenait à vivre magnifiquement et à mourir avec dignité

Beaucoup disent que toute sa vie a été Carême, un moment de vérité, une préparation pour la croix. Pour rencontrer le Christ Ressuscité. Lorsqu’en 1976 il prêcha une retraite pour le pape Paul VI et la Curie romaine, il se souvint de l’enfance et de la première fois lorsqu’il entendit les paroles de Saint Paul: “Le Christ s’est humilié, il a obéi jusqu’à la mort et la mort sur la croix.” Karol Wojtyła était alors adolescent, et comme il l’a dit,  ces paroles l’ont fortement marqué. “Je n’oublierai jamais la première expérience de ces paroles et de cette liturgie dans le cadre magnifique de la cathédrale du Wawel. J’y suis allé en tant qu’adolescent dans l’après-midi du Mercredi saint, lorsque les Matines ont été chantés pour la première fois. Je me souviens des rangées de bancs occupés par des  séminaristes, des stalles dans lesquelles les prélats et les chanoines du chapitre étaient assis, et enfin le métropolite de Cracovie, l’inoubliable Prince Adam Sapiecha, au grand autel de la cathédrale. À la place centrale, un grand trépied sur lequel étaient allumées des bougies que l’on éteignait lorsque les fidèles finirent de chanter des psaumes”. L’archevêque Mieczysław Mokrzycki rappelle le dernier Carême commun. Et les dernières Pâques ensemble. Il dit qu’avec Jean-Paul II, il  toucha le mystère de la croix plus fortement que jamais. Jean-Paul II, mourant aux yeux du monde entier, nous a tous dit de toucher cette croix et d’essayer de comprendre. Je le regardait – dit l’ancien secrétaire pontifical – et j’ai vu le Christ aller au Golgotha. Je l’ai vu souffrir,  se préparer à la mort. Il nous a appris à vivre magnifiquement et à mourir avec dignité. Dans la souffrance, mais avec confiance. Et avec un sourire serein, en prévision de la rencontre avec le Christ Ressuscité. (…) L’archevêque  dit un jour que lorsqu’il ferme les yeux, il voit Jean-Paul II mettre sa cape et marcher sur la terrasse où se trouvait le chemin de croix. A la place de Simon de Cyrène se trouvait Jean-Paul II. Il  aidait le Christ à porter sa croix. L’auteur de ce Chemin de Croix, un artiste italien, avait une telle vision – dit Mgr Mokrzycki. – Le Saint-Père a eu une telle vie. Jusqu’au dernier battement de cœur.

Avec le consentement de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde” – édition Znak, Cracovie 2013.