Il me paraissait invincible

– Je m’en souviens très bien comme si c’était hier. Je suis venu à Rome et j’ai immédiatement suivi une formation de deux semaines ici au Vatican. A cette époque, la préparation au service actif durait beaucoup moins longtemps qu’aujourd’hui. J’ai vu le Pape pour la première fois au tout début de mon service, littéralement le premier jour. On m’a missionné à  un endroit spécial – Salle Reggia, ou la Salle Royale. Ce jour-là, Jean-Paul II a célébré la messe dans la chapelle Saint-Paul pour les séminaristes du Séminaire Pontifical Romain, et immédiatement après la fin de la célébration, il rencontrait les séminaristes dans cette salle, qui était directement adjacente à la chapelle. Je n’ai jamais vu de tels intérieurs de ma vie. J’ai regardé chaque détail. Les séminaristes alignés le long du mur en demi-cercle, le pape s’approchait de chacun d’eux à tour de rôle. Je me tenais derrière eux, j’étais immensément fier. Pour la première fois de ma vie, je portais le costume multicolore de gala, avec un sabre sur le côté et le chapeau carré sur la tête. Le pape se rapprochait de plus en plus, soudain je regarde – je suis juste devant lui, complètement seul ! Je ne sais pas où ils ont tous passés ! J’avais un trac terrible, j’étais comme paralysé. Il a souri, s’est encore plus approché de moi, a remarqué que j’étais certainement nouveau, car il ne me connaissait pas encore, et m’a serré la main, avec ce petit geste simple qui me réconfortait.

C’était ma première rencontre directe avec Jean-Paul II. Je me souviens de son regard, de la force qui émanait de lui… A l’époque, en 1987, c’était un jeune pape, un jeune homme. En forme, athlétique, plein de vigueur – ça se voyait de loin. Exactement celui dont nous nous souvenons des différents films et enregistrements de cette période. Une grande puissance émanait de lui. Il me semblait invincible.

Magdalena Wolińska-Riedi “Ça s’est passé au Vatican” – Maison d’édition Znak. Cracovie 2020