Cet après-midi-là, quand il est apparu parmi la foule immense des jeunes, et que je le cherchais de regard, grimpant sur mes orteils pour voir le papamobile blanc virevolter entre les secteurs colorés des drapeaux du monde entier, il donnait l’impression qu’un nouvel esprit était entré lui. Sur de grands écrans, nous avons vu des gros plans de son visage rayonnant de joie à la rencontre des “veilleurs du matin”, comme il nous appelait – la jeune génération qui devait introduire le monde dans le nouveau millénaire. Nous n’avions aucune idée de la souffrance qu’impliquait chaque pas, de l’effort que cela lui coûtait pour faire face à sa propre faiblesse physique.
– Je suis arrivé du Vatican à Tor Vargata en début d’après-midi pour boucler toute la logistique. Quand le pape est arrivé, j’étais juste derrière la scène. De retour, là où il n’y avait pas de lumière de caméra, il se servait déjà de sa canne. Je me souviens de cet accident dans le lointain 1994 quand il a glissé dans la salle de bain et s’est cassé le fémur. Il a ensuite repris une activité intense trop tôt, il n’a pas voulu attendre de retrouver une pleine forme. Il était têtu que les montagnards ! Cela s’est avéré n’être qu’un prélude à des problèmes ultérieurs. Peu de temps après il a commencé à boiter un peu et cela empirait au fil du temps.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020