Le cardinal Wojtyla s’est ouvertement opposé aux tentatives d’effacer Dieu des profondeurs de l’âme humaine. Il a protesté en 1976, lorsque les autorités ont de nouveau restreint l’itinéraire de la procession du Corpus Christi à Cracovie. “On m’a souvent reproché”- at-il dit – “que j’avais soulevé ces questions. Comment pourrais-je garder le silence? Comment pourrais-je ne pas écrire à leur sujet? Comment pourrais-je ne pas intervenir? En tant qu’évêque, j’ai le devoir d’être le premier à soutenir cette cause. La grande cause de l’homme”. Il est inévitablement devenu une “brebis galeuse” pour le régime qui faisait tout pour non seulement gêner son activité pastorale mais aussi pour le fatiguer mentalement. Il était suivi, sous observation constante. On lui faisait ressentir l’omniprésence du système, sa pression, toute sa «puissance». Le palais de l’archevêque, comprenant la chambre du cardinal, son bureau, sa salle à manger et sa salle de réception, était rempli de microphones dans les téléphones et les meubles. Nous étions bien conscients de leur présence. Un jour, des ouvriers sont venus, déclarant que le téléphone ou l’installation électrique étaient en panne, puis en ont profité pour monter l’écoute électronique. Le cardinal parlait souvent à haute voix pour entendre son opinion. Dans le cas de conversations importantes, il quittait la résidence et allait dans la forêt voisine pour parler en sécurité. Lorsque des évêques venaient de l’étranger, il les emmenait même à la montagne. Wojtyla était sous contrôle constant. Chaque sermon éait enregistré et analysé phrase par phrase. Partout où il allait, même loin, il était suivi par les services secrets qui se tenaient toujours prêts de l’autre côté de la rue Franciszkańska.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage” – édition TBA. Varsovie 2007