L’archevêque de Cracovie devint inévitablement l’ennemi n° 1 du régime, justement à cause de son engagement au grand jour pour la défense de la dignité humaine. Non seulement l’ennemi n°1 mais celui qui était aussi le plus contrôlé, le plus espionné, en somme, celui qu’on jugeait sûrement comme le plus dangereux.
Les agents des services de sécurité étaient présents à tous ses offices, à toutes ses rencontres publiques et en enregistraient les discours, même ses homélies, tant et si bien qu’on a conservé une vaste documentation, aujourd’hui disponible dans les archives. De plus, la Sécurité avait grandement recours à l’immonde pratique de la délation, utilisant la collaboration de personnes fragiles ou le chantage dans tous les milieux, même dans le milieu ecclésiastique.
Il y eut ensuite l’affaire des mises sur écoute et des microphones installés dans l’archevêché. Aussi, quand certaines personnes arrivaient, le cardinal les faisait sortir en voiture en à Lasek Wolski, le parc forestier situé à la périphérie de Cracovie, ou même à la montagne et là, ils pouvaient finalement parler en paix, à l’abri des oreilles indiscrètes. Dans ces cas-là souvent les voitures de la Sécurité se collaient derrière celle de l’archevêque, aussi le chauffeur devait-il chaque fois inventer quelque chose de nouveau et de périlleux pour semer ceux qui les poursuivaient.
Il est évident qu’ils craignaient Wojtyła, sa force morale et intellectuelle, et la fascination qu’il exerçait en particulier sur les jeunes. Mais ils ne réussirent pas à le dresser contre le primat, ni évidemment à convaincre le Vatican de prendre en considération la demande formelle avancée par le gouvernement de Varsovie, de maintenir à son poste le cardinal Wyszyński qui approchait de l’âge de la retraite. Cela par peur que Wojtyła ne lui succède comme primat.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013