fot. Grzegorz Gałązka

Il avait beaucoup de choses à dire à Dieu

A minuit, Jean-Paul II accueillait le Nouvel An en très petit groupe. Au cours de l’année, il y avait peu de telles messes dans la chapelle privée. L’archevêque dit qu’il n’y en avait probablement que deux : celle de minuit le soir du Nouvel An et celle du 13 mai, à chaque anniversaire de l’attentat. Seuls les membres de la maisonn se réunissaient devant l’autel : Jean-Paul II, deux secrétaires et cinq sœurs du Sacré-Cœur. Parfois un autre employé de la Curie – précise l’archevêque. Je ne sais pas pourquoi c’était comme ça. Je n’ai jamais demandé. Peut-être le Saint-Père a-t-il voulu dire au revoir dans le silence et contemplation, à l’année qui s’achevait et accueillir la nouvelle année. Il avait beaucoup de choses à dire à Dieu. Après tout, tant de choses s’étaient passées et tant de choses devaient encore se passer. Après la messe, à la sortie de la chapelle, ils s’adressaient les vœux du nouvel an. Après la dernière messe de ce genre, quand ils ont accueilli l’an 2005, on a dit que c’était comme d’habitude. Et des voeux similaires. Le Saint-Père nous a souhaité, comme chaque année, que nous restions ensemble – rappelle l’Archevêque. Et que tout se passe bien. Ils le souhaitaient chaque année. Et tout se passait bien chaque année. À la maison, parce que les choses allaient mal dans le monde. Et Jean-Paul II le prenait très à coeur. Quand je voyais le Saint-Père s’agenouiller dans cette chapelle, si faible et courbé, j’avais l’impression qu’il portait sur ses vieilles épaules tous ces conflits armés, la pauvreté et la souffrance des peuples du monde entier. L’archevêque dit qu’il est en fait sûr qu’il en était ainsi, car il suffisait d’écouter ce que le Pape disait lors des discours officiels, lors des homélies, lors des bénédictions, lors des audiences générales. Il avait tout le mal du monde dans la tête. – Le soir du réveillon et au début de la nouvelle année, il a dû y penser. Parce que c’était ce qui comptait le plus pour lui. C’étaient les moments – comme dit l’archevêque – où on voyait Jean-Paul II plongé dans la prière, complètement absent. Comme si nous tous n’existions pas. Il n’y avait que lui et le Christ. Le père Styczen s’est un jour demandé si, lorsque le Saint-Père nous parlait à table du réveillon de Noël, si c’était le Christ qui nous parlait, ou bien si c’était le Christ Seigneur et son fidèle apôtre qu’ était le Saint-Père qui nous parlaient .
Avec l’accord d e Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde”
Maison d’édition Znak, Cracovie 2013