Il a quitté l’hôtel avec un pistolet britannique autour de sa ceinture

Rome, 12 mai 1981. Ce jour-là, le terroriste turc Mehmet Ali Agca, recherché par le mandat d’arrêt, est apparu à l’aéroport de Fiumicino (…). Malgré la condamnation à de nombreuses années de prison, il ne révélera jamais qui a commandité le meurtre, ni d’où des centaines de milliers de dollars ont coulé pour financer son long séjour en Italie avant l’attentat, ni qui a pris des dispositions pour son arme, ni qui lui a dit de s’enregistrer le 12 mai 1981 à l’hôtel Isa à Via Cicerone, près de la place Saint-Pierre. À ce jour, nous ne savons pas non plus si c’est simplement par hasard qu’il a séjourné dans l’hôtel dont le nom est l’équivalent arabe du nom de Jésus. Le 13 mai 1981, il quitta l’hôtel vers 16 heures, avec un pistolet britannique Browning Automatic, neuf millimètres derrière lui, et se mêla à la foule qui attendait l’audience du Pape.  Comme lieu d’attaque, il a choisi le côté droit de la place, près de l’entrée de la dite Porte de Bronze, par laquelle le pape devait passer. Aujourd’hui, il y a une plaque commémorative à cet endroit.

Ce jour-là, vers 17 heures, le pape monte dans une Fiat Campagnola – une voiture tout-terrain ordinaire dont Paul VI s’était déjà servi pour les audiences. Cette voiture blanche ne jouissait pas d’une bonne réputation. Elle était considérée comme un moyen de transport extrêmement inapproprié. Paul VI n’a commandé que des modifications esthétiques et le remplacement de deux sièges durs pour les passagers. Cependant la jeep, qui se trouve maintenant dans les garages papaux, était plus appropriée pour une randonnée de scoutisme en montagne que pour être une charrette de pape. La Fiat Campagnola atteint la place Saint-Pierre à exactement 17h05. Le Pape, comme d’habitude, demande au conducteur de faire le tour de la place. Ce qui se passait dans l’âme d’Ali Agca à ce moment là, il le gardera pour lui pour toujours. Le crime qu’il commettra quelques instants plus tard restera dans l’histoire comme un crime parfait, car malgré tous les efforts des autorités judiciaires pendant de nombreuses années, il ne sera pas possible d’expliquer qui était commanditaire. Les juges resteront impuissants face au fait qu’Agca savait qu’il passerait le reste de sa vie en prison après l’attentat perpetré sur le pape. Dès le début, il était clair que le terroriste turc n’aurait même pas la moindre chance de s’échapper de la place Saint-Pierre, où pullulent des dizaines de milliers de fidèles, mais aussi des gendarmes et des policiers du Vatican. Il est prêt, sans aucune raison apparente, à commettre un crime qui détruira également sa vie, et personne ne saura pourquoi. Lorsque le Pape s’approche, Ali Agca sort le pistolet et vise sa tête. Il est 17 h 22. Le tir n’atteint pas la cible et la balle frappe l’épaule d’une religieuse. Paniqué, Agca vise plus bas, le ventre du Pape, cette fois il ne doit pas le rater. Il appuie sur la détente.

Andreas Englisch – Guérisseur. Miracles de Saint Jean-Paul II. Éditions WAM. Cracovie 2015