La lettre aux prêtres signée dans le Cénacle était très personnelle. Plus que d’autres. Jean-Paul II y écrivait: ” Je vois Jésus avec les yeux de mon âme, je vois les apôtres réunis avec lui à la table. Mon regard se porte sur Pierre. Il me semble que je le vois au moment où, avec d’autres disciples, il regarde avec étonnement les gestes du Christ, écoute avec émotion ses paroles, s’ouvre – bien qu’il soit accablé par le fardeau de sa propre faiblesse – au mystère qui lui est prêché et qui se matérialisera bientôt”. Et juste après: “Je vous vois depuis ce lieu saint, avec les yeux de l’imagination, vivant dans les différentes parties du monde, je vois des milliers de vos visages, des prêtres plus jeunes et avancés en âge, vivant différents états d’esprit. Dieu merci, beaucoup d’entre vous partagent joie et enthousiasme, d’autres peuvent souffrir, se sentir fatigués et perdus. Je veux célébrer cette image du Christ en chacun de vous” – Je me rappelle bien le moment où nous étions dans le Cénacle – se souvient Mgr Mokrzycki. Ce sentiment ne peut être comparé à rien d’autre. J’ai vu son émotion, sa contemplation. Il était plongé dans la prière. Et je suis convaincu qu’il a emmené avec lui des prêtres du monde entier, même ceux qui ont péché. Jean-Paul II demandait si on pouvait s’étonner là-bas, au Cénacle, qu’il y a parmi les prêtres ceux qui couvrent la face du Christ avec la faiblesse humaine. Et il répondait: “Non seulement la trahison de Judas a eu lieu ici, mais même Pierre a dû se rendre compte ici de sa propre faiblesse, en entendant une prophétie amère qu’il renierait Jésus”. Le Saint-Père expliquait « qu’en choisissant des gens comme les apôtres, le Christ ne s’est pas fait d’illusions. Il a placé le sceau sacramentel de sa présence sur une telle faiblesse humaine.
Avec le consentement de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde” – édition Znak, Cracovie 2013.