Il a allumé un cierge et il a bu l’eau de la source

 A-t-il jamais parlé de démission? A-t-il envisagé une telle éventualité ?

– Il était plutôt serein. Mais je me souviens qu’un jour, il a rappelé lui-même que certains affirmaient qu’il devrait démissionner. Il en a parlé avec des cardinaux et tous étaient opposés à sa démission. Cela a confirmé le Saint-Père dans sa conviction de remplir son ministère jusqu’au bout. Il a d’ailleurs dit ensuite ouvertement dans un de ses discours, afin qu’il n’y ait pas de spéculations, qu’il allait servir tant que Dieu le lui permettrait.

Et il a servi. Quoiqu’il fût déjà bien faible. C’est à Lourdes que nous avons pu voir combien il était faible. Il marchait encore selon ses propres forces, mais dans la Grotte des Apparitions, il s’est affaissé sur le prie-Dieu. « Stanislas est accouru immédiatement et il a aidé le Saint-Père. Jean-Paul II a prié longtemps. C’est là qu’il a dit ces paroles mémorables : « En m’agenouillant ici, près de la Grotte de Massabielle, je ressens avec émotion que je suis arrivé à la fin de mon pèlerinage. » Il a allumé un cierge et il a bu l’eau de la source, comme le font tous les pèlerins. Il y a eu ensuite une extraordinaire procession du Chapelet sur le domaine. Je me souviens que lorsque le Saint-Père est passé en papamobile, les gens se sont agenouillés, comme devant le Saint-Sacrement. J’avoue ne jamais avoir vu cela précédemment. A Lourdes, j’ai vu cela pour la première fois et j’en ai été fort impressionné.

-Et le Saint-Père, en a-t-il été impressionné, lui aussi ? Cela l’a-t-il ému ?

-A sa manière, certainement, mais il ne montrait jamais ses émotions. Le Saint-Père était un homme solide. Il était certainement reconnaissant, très reconnaissant. Et il s’efforçait de rendre cet amour qu’il recevait des gens. Il ne dédaignait personne. Il voulait servir chacun. Je me souviens qu’on racontait que quand il était plus jeune, il était capable de ramasser un mouchoir que quelqu’un avait laissé tomber de l’autre côté d’une barrière. Lorsque quelqu’un voulait l’approcher dans la foule et que la police protestait, lui aussi protestait et la police devait céder. Lors de ses pèlerinages, lorsqu’il traversait la foule, les gens criaient avec joie : « Il m’a regardé ! », « Il m’a remarqué ! ». Comme si, par son regard, il avait touché chacun personnellement. Il avait un don extraordinaire. Je l’ai déjà dit, mais je le répète encore une fois. Lorsqu’il marchait à travers la foule, j’avais l’impression que Dieu marchait avec lui. Comme si l’ombre de Dieu passait à côté.

Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »

Edition M, Cracovie 2008