Homélie – témoignage du père Mateusz Dziedzic, missionnaire de la République centrafricaine – Première partie

Nous venons d’entendre l’Evangile qui parle de Zachée. Zachée qui fait tout pour voir Jésus. Il est de petite taille et fait l’effort de monter sur un sycomore. Nous pouvons dire – son effort porte ses fruits. Jésus le remarque, s’invite chez lui et veut y s’arrêter. Quelle est la réponse de Zachée ? Zachée est heureux. L’Evangile nous dit qu’il descend joyeusement du sycomore et reçoit Jésus dans sa maison. Cependant, ceci ne plaît pas à tout le monde, car Zachée est un pécheur. Cette rencontre change Zachée. Il distribue ses richesses aux pauvres, il dédommage ceux à qui il a fait du tort.

Nous voyons le Seigneur Dieu qui s’invite, le Seigneur Dieu qui veut entrer dans nos vies, comme il est entré dans celle de Zachée. Il veut entrer, il attend notre réponse, si nous l’acceptons. Dieu fait constamment cet effort pour entrer dans nos vies. Nous avons souvent peur de l’accepter. Nous craignons sa volonté parce que souvent nous ne la comprenons pas. Parce que Dieu vient avec son plan, avec son programme. Il veut notre bonheur, mais on ne sait pas toujours, on ne comprend pas toujours qu’il s’agit de notre bonheur.

Pendant douze ans, j’ai été missionnaire en République Centrafricaine. Je suis allé dans ce pays, mais avant cela j’avais peur d’y aller. Je ressentais l’appel de Dieu mais je me battais avec moi-même. Après deux ans de lutte, je me suis porté volontaire pour partir et j’étais heureux en tant que missionnaire. J’ai visité de nombreux villages prêchant la Parole de Dieu et administrant les sacrements. J’étais d’abord dans la jungle, dans la mission Bagandou, plus tard dans le nord du pays. Je pensais que c’était mon travail, ma mission, mais Dieu a préparé quelque chose de plus… Une nouvelle mission. En 2013, une rébellion éclate dans ce pays. C’était très dangereux. Nous avions beaucoup de gens en mission qui se sont enfuis et ont trouvé refuge chez nous. Alors on se protégeait et on protégeait les gens. Les rebelles sont venus, ils ont pris notre carburant, ils ont pris notre argent, nos voitures. C’était très dangereux, mais ce n’était pas fini ! Le 13 octobre 2014, dans la nuit, les rebelles sont venus à notre mission à Baboua. Treize hommes armés qui ont dit : « Vous êtes nos otages. Notre chef rebelle est emprisonné, nous nous battons pour sa liberté.” J’ai été obligé d’aller avec eux. Et ce que je lisais autrefois dans les livres, ce que je regardais à la télévision est devenu réalité. Je suis devenu otage. Une nouvelle réalité. Dans la brousse j’ai marché avec eux une trentaine de kilomètres pendant treize heures. Au milieu de la brousse, j’ai rejoint les autres otages, on était vingt-six en tout. J’étais le seul Européen blanc, les autres c’étaient des Africains. Les conditions étaient très difficiles : dormir sur une natte, nuits froides, mauvaise nourriture, eau sale, toilette dans un seau. Je pensais que cela prendrait quelques jours, alors j’étais calme. Après la première semaine, la crise est arrivée et j’ai dit aux rebelles – “Aujourd’hui, je veux retourner à ma mission, j’ai à manger là-bas, j’ai une réunion avec des enfants de la catéchèse aujourd’hui.” J’ai aussi dit ce que je pensais d’eux. Alors, j’ai été sévèrement puni. Le rebelle avec le fusil a dit : «Qu’est-ce que tu racontes ? Je peux te tirer dessus, te frapper “. Et j’ai été puni pour ce que j’ai dit.