Pour un million et demi de personnes qui se sont réunies sur la place Saint-Pierre le jour de sa béatification, il ne faisait aucun doute que c’était un miracle. Cela a été fait par le pape Jean-Paul II dans le ciel. La foule entière retint son souffle lorsque le pape Benoît XVI embrassa le reliquaire, une ampoule de verre contenant un morceau de tissu imbibé du sang de Jean-Paul II. Ce fut une belle journée pour les Polonais. Non seulement parce qu’il était le premier pape slave de l’histoire, mais encore parce qu’il rejoignait la famille des bienheureux. Bien que Karol Wojtyła ait passé près d’un tiers de sa vie à Rome, il est resté un Polonais dans son cœur et s’est senti lié avec sa patrie jusqu’à sa mort. Pendant la dictature communiste, il voulait protéger ses compatriotes même après sa mort, alors il a informé ses amis qu’il envisageait son enterrement à Wawel. Donc, si le mur de Berlin n’était pas tombé, la dépouille de feu Karol Wojtyła deviendrait une destination de pèlerinage pour tous les catholiques derrière le rideau de fer. Un lieu serait créé pour rappeler que personne n’a le droit de priver le peuple polonais de la liberté de professer la religion. Sa tombe deviendrait un monument érigé en signe de protestation contre les usurpateurs tentant de renverser la foi en Christ parmi les Polonais. Une autre victoire polonaise a eu lieu le jour de la béatification. Lors du dévoilement de l’image du nouveau bienheureux sur la façade de la basilique Saint-Pierre, je me tenais à côté de mon ami, le photographe Grzegorz Gałązka. Le visage de Grzegorz rayonnait et il y avait une bonne raison. C’est lui qui avait pris la photo, qui sert désormais d’image officielle du candidat à l’autel. C’est lui qui avait immortalisé ce sourire papal (…).La situation d’Arturo Mari, photographe officiel du Pape, auteur de centaines de milliers de photographies de Jean-Paul II, était incomparablement meilleure. Karol Wojtyła se sentait tellement obligé envers lui qu’il voulait lui dire personnellement au revoir sur son lit de mort. Et pourtant le tableau historique, choisi parmi des millions, n’a pas été pris par Arturo Mari, mais par un Polonais, Grzegorz Gałązka, un photographe de l’arrière-plan (…) Grzegorz a dû financer lui-même des voyages coûteux avec le Pape. Il a eu beaucoup de difficultés. Je me souviens bien de ses coups de fil quand il m’a confié des inquiétudes pour l’avenir, et pourtant, malgré les difficultés, il a fait ce qu’il avait à faire en suivant «son» pape. En tant qu’homme du deuxième plan, il s’est battu pour chaque cadre, mais il a essayé de faire de son mieux. Et il est entré dans l’histoire, haletant sous le poids de son équipement qu’il transportait, un Polonais infatigable au grand cœur. Il a pris cette photo du pape Jean-Paul II, que tous les fidèles ont maintenant devant les yeux chaque fois qu’ils prient Karol Wojtyła dans l’une des églises romaines.
Andreas Englisch – Guérisseur. Miracles de Saint Jean-Paul II.
Éditeur WAM. Księża Jezuici . Cracovie 2015